dimanche 14 avril 2013

Réformes cosmétiques



 Pour étouffer l’affaire Cahuzac, François Hollande a donc décidé de lancer le débat sur les conflits d’intérêt chez nos parlementaires et sur leur déclaration de patrimoine. Ces deux sujets, tacitement présentés comme devant prévenir une nouvelle affaire, alors qu’ils n’ont aucun rapport avec elle, sont tellement polémiques qu’ils vont mobiliser les médias pendant des semaines et faire oublier le pauvre Cahuzac ! Bravo pour cette diversion éclatante !

On veut interdire aux parlementaires d’exercer une profession qui pourrait être en conflit d’intérêt avec leur mandat lors des votes de certaines lois. Pour justifier cette interdiction, on stigmatise en particulier les médecins conseil des laboratoires pharmaceutiques et les avocats d’affaire.

Mais alors il faut interdire toutes les professions. Les agriculteurs sont « intéressés » quand il y a une loi sur l’agriculture, les enseignants pour une loi sur l’Education nationale,  les fonctionnaires sont concernés par les articles des lois de finances qui concernent leur profession, les chefs d’entreprise ont eux aussi des intérêts à défendre etc…

Et même si on leur interdit d’exercer toute profession, nos parlementaires ont des familles, des proches qu’ils pourraient avoir tendance à favoriser par leur vote et ils savent de toutes façons qu’ils devront un jour reprendre leur métier !

Ce procès d’intention fait à nos représentants a quand même tout d’un faux problème, car la plupart du temps ils votent les lois davantage en fonction de la politique et des directives de leur parti que pour des intérêts personnels. Et puis pour voter une loi il faut une majorité !

En interdisant le cumul d’un mandat et d’une profession, on risque de remplir nos hémicycles avec des fonctionnaires qui, eux, sont certains de reprendre leur carrière, qui aura même progressé durant leur mandat! Il faudrait alors demander à ceux-ci une fois élus de renoncer définitivement à leur statut pour rééquilibrer notre représentation, comme cela se fait dans certains pays !

Une solution serait d’interdire de vote les députés quand ils sont en situation de conflit d’intérêt. Cela se pratique beaucoup dans les collectivités locales, comme les mairies où le Maire et les conseillers s’abstiennent de voter  une décision en délibération quand elle les concerne personnellement !

Mais le vrai pouvoir est dans les cabinets ministériels plus qu’au Parlement. C’est là où le favoritisme développé par les conseillers en tous genres, qui ne sont pas des élus, peut jouer pleinement. Le gouvernement va-t-il aussi « moraliser » cette catégorie d’individus ?

Quand aux déclarations de patrimoine des Ministres et des élus, si elles sont rendues publiques, elles vont susciter beaucoup plus de controverse et de défiance que contribuer sérieusement à l’élimination de la corruption.

Les Français attendent autre chose de leur gouvernement que des réformes cosmétiques !

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