jeudi 4 août 2022

Taïwan : Mais que cherchent donc les Américains ?


 

Nous avons déjà une guerre en Europe déclenchée par la Russie et que nous aurions pu éviter, nous autres pays occidentaux, si nous avions eu l’intelligence de ne pas isoler politiquement ce pays, mais au contraire de nous en rapprocher. Nous voici maintenant en route pour un autre conflit majeur avec la Chine qui vient d’essuyer une provocation, avec le déplacement à Taiwan de Nancy Pelosi Présidente de la Chambre des Représentants aux États-Unis, et qui réagit, posture ou non, de façon disproportionnée avec des manoeuvres militaires agressives !

 

L’histoire du monde a introduit de très multiples découpages et redécoupages des frontières de tous les pays à la suite des invasions, des annexions et des guerres, et la plupart du temps sans qu’il soit tenu compte de la volonté des peuples dont beaucoup ont ainsi été divisés. Même si ceux-ci aujourd’hui, nostalgiques et poussés par des responsables politiques irresponsables, expriment des aspirations pour des modifications territoriales visant à revenir à des frontières selon eux plus légitimes, seul le statu quo peut permettre de préserver la paix dans le monde.

 

Toute velléité de retour aux frontières passées, et quelles qu’en soient les raisons, entraine inévitablement des guerres dont les peuples concernés sont les premiers à souffrir ! Les répercussions sont considérables lorsque les belligérants sont les grandes puissances, surarmées, qui font courir le risque d’une guerre mondiale pouvant entrainer la destruction totale de notre planète !

 

Tous les efforts des responsables politiques sensés de ce monde devraient par conséquent porter sur la sauvegarde des fragiles équilibres de nos frontières actuelles, même quand ils réalisent qu'ils ont affaire à des dictateurs aux ambitions idéologiques illégitimes et démesurées ! Nous avons vu qu’il n’en était rien quand la Russie a envahi l’Ukraine, sans doute pour tenter de reconstruire progressivement ce que fut son URSS dans le passé. Nous le voyons aujourd’hui avec ce voyage américain provocateur à Taipei ! 

 

Taiwan appartient à la Chine jusqu’en 1949 quand les combattants chinois sont chassés du continent par les communistes et s’y réfugient pour faire perdurer la République de Chine. Ce nouveau pays qui s’est créé, s’est beaucoup développé depuis, au point de posséder une économie florissante et des quasi monopoles stratégiques de fabrication, dans le domaine des semi-conducteurs en particulier, dont dépendent à la fois, pour leurs industries, la Chine continentale et les États-Unis, mais aussi bien d’autres pays. 

 

Les enjeux sont donc à la fois d’ordre politique et stratégique. Mais ce pays n’a pu prospérer que dans un contexte fragile de consensus entre les nations qui a préservé la paix pendant plus de soixante dix années. Aucun grand pays n’a officiellement reconnu l’existence de Taïwan (seuls 14 petits pays minuscules l’on fait) par crainte de détérioration de leur relation avec une Chine qui a toujours considéré que ce territoire lui appartenait. 

 

On peut se demander d’ailleurs si cette absence de reconnaissance officielle de Taïwan n’était pas en soi pour tous les pays, Etats Unis compris, une acceptation tacite de la souveraineté de la Chine sur ce territoire ! Mais on peut aussi considérer qu’il s’agissait aussi d’une volonté permanente d’apaisement pour éviter de créer un conflit majeur avec Pékin !


Malgré les revendications réitérées de la Chine, le voyage de Nancy Pelosi à Taiwan est-il une preuve que la volonté de maintenir cet équilibre fragile serait en train de disparaitre chez nos amis américains ? En tous cas ce voyage du 3ème personnage de l'Etat est incompréhensible, car ce n'est vraiment pas le moment de montrer ses muscles ou de mettre de l'huile sur le feu !

 

 

Nota : Une absence est très remarquée dans cette effervescence actuelle, celle de l’ONU qui a pourtant été créée pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale. En ce moment, son Secrétaire Général préfère passer son temps à violemment fustiger les super profits que font les grandes sociétés multinationales, notamment grâce à la guerre en Ukraine !!!

mercredi 3 août 2022

Le meurtre d'Al Zawahiri

 

 

Joe Biden vient d’annoncer, avec la fierté que l’on imagine, l’assassinat du leader d’Al QaÏda Al Zawahiri au moyen d’un drone, en Afghanistan où celui-ci résidait, et en toute violation du droit international. Après son fiasco récent dans ce pays, le Président américain espère bien sûr en retirer un avantage pour les élections à venir de Novembre prochain.

 

La disparition d'un grand criminel, co-auteur des attentats du 11 Septembre, ne fait certes pas de peine dans le camp occidental et chez nos amis américains en particulier. On ne sait si cela réduira dans l’avenir le terrorisme d’Al Qaïda où un nouveau leader devrait être vite trouvé, mais on peut craindre sans doute que cette organisation ne se livre à de nouveaux attentats pour montrer qu'elle continue d'exister et pour se venger ! Nous verrons bien ce qu’il en advient !

 

Cet assassinat pose quelques questions. Si l’on peut admirer le renseignement et la technologie américaines capables d’une telle frappe « chirurgicale » à distance, on peut aussi avoir un certain sentiment de malaise à l’idée que dans un état de droit, une telle action puisse être possible.

 

Joe Biden a déclaré pompeusement que "Justice était faite" ! Peut-on ainsi admettre qu’un chef d’état d’un pays démocratique quel qu’il soit, par ailleurs partisan du respect des « droits de l’homme », et quelles que soient ses motivations, puisse ainsi décider de lui-même de commanditer, sans aucun jugement préalable, le meurtre d’un individu, quelles que soient les culpabilités de celui-ci ? 

 

Lorsque certains dictateurs le font, ou lorsque la CIA le faisait discrètement dans le passé, ils sont ou étaient fortement condamnés ! Quel exemple donnons-nous aux nombreux pays à qui nous donnons couramment des leçons sur la démocratie et les droits de l’homme ? Faut-il considérer que notre conception des droits de l’homme et du droit international, est à géométrie variable ?

 

Un second malaise émane de cette action. Si aujourd’hui, grâce à une technologie de pointe et un armement très sophistiqué, un tel acte est possible, il faut s’attendre à ce que ces nouveaux moyens tombent un jour immanquablement dans les mains de groupes terroristes qui n’auraient alors plus besoin de sacrifier la vie de leurs combattants pour commettre des attentats dont l’efficacité apparait plutôt terrifiante et pourrait être décuplée !

 

C’est le monde que nous allons léguer à nos enfants et nos petits enfants. Nous ne pouvons qu’espérer pour eux que de tels actes ne se reproduisent pas trop souvent et qu'ils n'en soient jamais les victimes !