jeudi 25 juin 2020

Notre Justice est-elle encore crédible ?



Après deux nouvelles affaires cette semaine, on peut légitimement se poser la question et il est triste de constater que ce sont les magistrats eux-mêmes qui s’acharnent à mettre sa réputation en cause en ne respectant pas les lois ou sa déontologie, ou bien encore par des pratiques ou des déclarations inutiles ou scandaleuses.

Il y a d’abord eu l’audition de la procureure Eliane Houlette devant le Parlement, au cours de laquelle cette magistrate, fraichement retraitée, a mis en cause le fonctionnement du Parquet, durant son enquête sur l’affaire Fillon.

Elle y a dénoncé les pressions et le harcèlement qu’elle avait subis de sa hiérarchie durant l’instruction qu’elle effectuait en pleine campagne électorale contre l’ancien candidat à l’élection présidentielle, alimentant ainsi l’argumentation des avocats de la Défense qui utilisaient comme principal élément la précipitation inhabituelle de cette instruction par une Justice qui nous avait toujours habitués à ses lenteurs excessives.

En conséquence, les médias dans leur ensemble ont bien sûr immédiatement, et selon leur habitude, laissé sous entendre une intervention politique dans cette affaire, ce qui a complètement débordé cette niaise magistrate.

En examinant cet événement d’un peu plus près, les mêmes médias nous apprennent  qu’il s’agissait probablement d’un règlement de comptes entre Houlette et sa supérieure hiérarchique du Parquet avec qui elle ne s’entendait pas et qui avait d’ailleurs déclenché récemment contre elle une enquête pour violation du secret de l’instruction. Ce règlement de compte « panierdecrabise » un peu plus cette noble institution !

Et puis dans une autre affaire traitant des écoutes téléphoniques de Nicolas Sarkozy dans l’affaire « Paul Bismuth » nous apprenons que le même Parquet s’était livré, en plus vainement,  à des écoutes illégales de quelques grands avocats dans le but de trouver qui avait été l’informateur ayant prévenu l’ancien président de la République qu’il était lui-même sur écoute.

Cette révélation a naturellement provoqué un tollé parmi les avocats qui avaient déjà fortement vilipendé les écoutes téléphoniques entre Sarkozy et son avocat Maitre Herzog, mais aussi chez nombre de nos magistrats.


Après  le scandale du « mur des cons », qui a fait l’objet d’une réprobation unanime dans notre pays, mais d’aucune sanction à notre connaissance, les Français commencent à se poser des questions sur la sérénité de cette Justice qui étale ses égos, ses turpitudes, ses maladresses, ses fautes, ses haines ou ses complicités politiques, en toute impunité, et dans laquelle ils croient de moins en moins !

L'indépendance de la Justice du pouvoir politique n'est qu'un moyen mais pas une fin en soi! Ce qu'il faut rechercher avant tout est son impartialité, et donc son indépendance d'esprit, et les juges, même s"ils veulent faire leur métier honnêtement, sont malheureusement l'objet d"influences qui peuvent être d'une totale autre nature que politiques!


samedi 13 juin 2020

La repentance et la morale rétroactive.


La maladie Européenne de la repentance est en train de gagner les Etats Unis. La mort de George Floyd, tué par un policier, sans doute raciste, a soulevé de gigantesques protestations qui poussent les citoyens Américains à la démesure. Tout est bon pour exprimer leur colère, y compris le rejet du passé, exprimé par les propositions qui visent à éradiquer tout souvenir de leurs ancêtres esclavagistes!

On veut déboulonner toutes les statues des Généraux (et néanmoins héros) Sudistes, et retirer leurs noms qui avaient été donnés après la guerre de Sécession à certaines bases militaires des Etats du Sud sans doute en geste d’apaisement des vainqueurs pour aider à faire la paix

Est-ce un début et les Américains vont-ils ensuite un jour se flageller pour avoir construit leur nation à partir du massacre des Indiens et de l’esclavage des Africains ? Vont-ils un jour se repentir pour tous les crimes commis dans le monde entier par la CIA ? Vont-ils enfin réaliser que leur attachement au port des armes a provoqué dans le passé, et même récemment, de nombreuses tueries collectives ? Nous en sommes très loin pour l’instant.

L’histoire est toujours la même, il s'agit en vain, de juger les actes des hommes qui vivaient au cours des siècles passés, avec notre morale d’aujourd’hui ! Pas plus que la loi, la morale ne peut être rétroactive. Allons nous entreprendre les procès de tous les actes du passé avec nos lois actuelles? Allons nous brûler tous nos livres d'histoire? Y a-t-il jamais eu dans le passé un seul souverain ou un seul Chef d'Etat qui ait respecté nos lois et notre morale actuelle?

Les Américains devraient réfléchir à leur prière indienne ancienne qui disait « Lord, grant that I may not criticize my neighbour until I have walked one mile in his mocassins ! » ( Dieu, faites que je ne critique pas mon voisin avant que je n’ai marché au moins un mile dans ses mocassins !»).

Qui sommes nous pour juger des actes de nos ancêtres ? La société évolue bien sûr avec sa morale et ses lois, et il est légitime de constater, et de proclamer,  que certains comportements passés seraient inadmissibles ou impossibles aujourd’hui, et sévèrement sanctionnés, sans pour autant se livrer à des accusations ridicules et hors du temps! Nos censeurs ont-ils réfléchi un seul instant à ce que nos descendants vont nous reprocher dans 50 ou 100 ans ?

Comment allons nous être jugés sur l’état dans lequel nous leur aurons laissé la planète ? Que diront-t-ils alors de nos guerres qui l’ont ensanglantée ou de nos gaspillages d’énergie qui ont épuisé ses ressources? Comment serons nous jugés sur la façon dont nous traitons aujourd'hui les animaux, domestiques ou non, qui nous entourent?  Quelles reproches nous feront-ils de nos utilisations de pesticides? Quid de nos morts sur les routes?  Que diront nos arrière petits enfants des dettes que nous leur aurons léguées ? Nos successeurs vont-ils un jour brûler les statues des héros industriels de notre temps qui ont inventé tous les grands modes de pollution : pétrole, automobiles, avions, usines, nucléaire?....

Les psy pourraient sans doute nous expliquer que cette repentance est en fait un moyen facile de se donner bonne conscience, et qui permet aussi d’évacuer une culpabilité actuelle très réelle, dont les gens ont vraiment honte ou qu’ils ne veulent pas admettre, en en faisant porter la responsabilité à leurs ancêtres, dont ils ne réalisent même pas qu’ils leur doivent d’être là aujourd’hui !

lundi 1 juin 2020

La réforme de la Santé



Le gouvernement veut entreprendre une grande réforme de la Santé, c’est une excellente idée, très d’actualité, mais on peut douter de l'efficacité pour deux raisons : d’abord on ne fait jamais rien de bien en travaillant dans l’urgence, et ensuite parce que les concertations menées vont concerner essentiellement les professionnels, dont la participation est légitime, mais n’est pas une garantie que tous les sujets seront abordés et toutes les analyses en profondeur effectuées!

On peut craindre en effet que les discussions soient noyées dans un ensemble de revendications partisanes venant de tous les participants, mais que personne n’élève le débat et ne soulève les problèmes de fond de notre système de Santé qui sont très complexes et dont les solutions souhaitables peuvent fatalement déplaire aux uns et aux autres.

La première question à se poser est de comprendre pourquoi, alors que nous sommes à égalité avec l’Allemagne pour l’importance des sommes consacrées à la Santé par rapport à nos PNB, nos soignants sont beaucoup moins bien rémunérés et nos hôpitaux  beaucoup moins bien équipés !

Pourquoi l’Allemagne avec des ressources comparables aux nôtres, a-t-elle beaucoup mieux géré la  crise du COVID19 avec beaucoup moins de victimes que dans notre pays ? Aurons nous des experts pour analyser et expliquer objectivement les raisons  de ce paradoxe ?

Cette question est maintenant primordiale pour les Français qui souhaitent une réponse avant que ne soit entreprise la moindre réforme ! Ils veulent en effet comprendre comment leur argent est utilisé !  Cette question sera-t-elle abordée lors du « Ségur de la Santé  » ? 

On peut en douter !  Mais si l’on n’aborde pas cet aspect de la gestion de notre système, si l’on ne procède pas à un examen critique de notre bureaucratie hospitalière, des organisations en place et des contraintes administratives en tous genres qui devraient être repensées, aucun moyen de financement interne ne pourra être dégagé, aucune ressource existante ne pourra être réaffectée et nous allons simplement saupoudrer de nouveaux crédits pour satisfaire, ou calmer, les revendications des uns et des autres.

Et les Français, qui ont beaucoup appris pendant cette épidémie de coronavirus, sur la quantité d’argent qu'ils consacrent à leur Santé, ne comprendront plus les criailleries des personnels hospitaliers, mandarins en tête, sur leur manque de moyens !

Il y a des mesures d’urgence qui peuvent être prises immédiatement car elles n’obèrent pas l’avenir, comme par exemple le relèvement des rémunérations des personnels, exclusivement les soignants, dont les niveaux sont actuellement parmi les plus bas de l’OCDE, ainsi que la réaffectation de certains lits d'hôpitaux et surtout la sécurisation de nos approvisionnements en équipements et produits médicaux.

Mais si on ne s’attaque pas immédiatement à la réorganisation et à la gestion de l’ensemble de nos systèmes de santé : hôpitaux publics et privés, médecine libérale, recherche… , réformes à plus long terme, alors nous nous contenterons de faire les quelques replâtrages habituels qui vont encore peser sur l’économie de notre pays, et sans régler les problèmes de fond !


Les Français se disaient fiers de leur système de santé, sans d’ailleurs bien comprendre s’ils parlaient de là qualité des soins pratiqués ou de leur prise en charge financière. Ils ont maintenant bien assimilé  la différence et vont suivre attentivement les discussions sur la réforme qui sera décidée pour leur pays !

Pourquoi ne pas faire participer des représentants des contribuables dans les discussions ? Après tout ce sont eux qui financent intégralement le système de santé, et leur avis compte donc autant que celui des professionnels, et ils pourraient certainement poser de bonnes questions que ceux-ci, avec ou sans la complicité des responsables politiques et administratifs, vont omettre de se poser !

Les participants aux discussions pourraient aussi, très utilement, auditionner des experts des systèmes de santé de nos voisins les plus performants, afin de comprendre ce qui ne fonctionne pas chez nous. Le coronavirus a fait tomber notre système de soins du piédestal sur lequel nous l'avions installé, c'est le moment d'essayer d'apprendre et de tirer profit  de l'expérience des autres pays!