mercredi 30 décembre 2009

La taxe carbone sera-t-elle efficace? (suite)

Elle est incontestablement mal partie après le rejet du texte de loi par le Conseil Constitutionnel, rejet qui constitue une gifle pour le Gouvernement et le Parlement.

Comment peut-on comprendre que nos élites soient à ce point ignorantes du droit constitutionnel au point de faire voter des lois dont le risque d’inconstitutionnalité soit aussi patent ? On se demande si un peu de réflexion ne devrait pas précéder toute action exécutive ou législative ! Dans un Etat qui se dit de droit, il ne suffit pas d’avoir de bonne idées, voire même de réunir un consensus droite gauche, pour légiférer n’importe comment.

Le gouvernement va revoir sa copie pour proposer une nouvelle cote mal taillée, assortie bien sûr d’une nouvelle « usine à gaz ». Il ferait mieux de convaincre les autres pays d’adopter la même politique, faute de quoi cette loi ne pourra jamais avoir aucune utilité, sans pénaliser notre industrie et notre commerce.

Mais cet épisode de notre vie politique apporte une fois de plus la preuve des mensonges habituels des hommes politiques. Quand ils ont eu l’idée de créer cette taxe carbone, ils ont tout de suite déclaré que bien sûr il ne s’agissait pas d’un impôt nouveau, et que son produit serait intégralement redistribué ou compensé (sic !).
Or ce matin on peut lire dans le journal Le Parisien les propos d’un homme politique de droite déclarant que la décision du Conseil Constitutionnel représentait une perte de 2 milliards d’euros pour l’Etat ! No comment !

Comment les responsables politiques au pouvoir peuvent-ils mentir aussi impunément aux Français ? Comment peut-on avoir la moindre confiance dans leurs déclarations ? Ils décentralisent l’administration en affirmant que les budgets relatifs seront aussi décentralisés : Faux. Ils suppriment la pub à la télé en affirmant que les recettes seront intégralement compensées : Faux. Ils suppriment la taxe professionnelle en déclarant que cette ressource pour les communes sera compensée : aucun Maire ne les croit. Les exemples de ce genre sont innombrables.

Ségolène Royal, malgré tous ses défauts, a parfois des formules justes. En particulier il y a quelques mois elle promouvait la « communication par la preuve » Voilà le problème des hommes politiques. Ils font trop de déclarations, vite oubliées, et ne se préoccupent pas de leur service après vente, soit parce qu’ils savent que leurs déclarations ne se traduiront pas dans les faits, ou trop lentement, ou soit parce qu’ils sont occupés à faire autre chose ! Demandez aux Français aujourd’hui de nommer les réformes Sarkozy qui ont changé leur vie depuis deux ans, la plupart d’entre eux ne sauront que répondre.

Aurons nous un jour en France au pouvoir des hommes politiques qui redonneront aux Français l’envie d’avoir confiance en eux? Une utopie peut être, mais sans aucun doute indispensable pour la survie de notre chère démocratie.

Dec 2009

mercredi 23 décembre 2009

Tempête dans un verre d'eau

La machine infernale de la pensée unique politico-médiatique vient de s’emballer à nouveau. Il a suffit d’une simple déclaration d’un député en séance de travail partisane, une secrétaire d’état en mal d’être connue quitte la salle pour protester, des déclarations définitives sont faites, les médias s’embrasent, des politiques laoudspiquent, bref la fin du monde n’est pas loin !

Pascal Clément, ancien ministre, a eu l’abominable maladresse de dire que le jour ou la France comptera autant de minarets que d’églises, ce ne sera plus la France ! Quel scandale !

On se demande vraiment ce qui peut choquer dans cette déclaration avec laquelle une très grande majorité de Français peuvent être d’accord. Nous aimons tous notre France, nous sommes tous attachés à sa culture, à ses paysages, au charme de ses petits villages dominés par leur clocher, et tout en acceptant, et respectant, les autres religions, il est après tout normal que nous défendions notre cadre de vie qui a traversé les siècles et que nous souhaitons laisser aux générations futures.

Nos voisins Suisses viennent de voter contre la construction de minarets dans leur pays. Contrairement aux caricatures dont ils ont été l’objet, ils n’ont pas demandé l’arrêt de la construction des mosquées, mais ils voulaient simplement préserver le caractère de leurs cantons, de leurs villes et de leurs villages !

Mais nos belles âmes de la pensée unique ne l’entendent pas de cette façon. Il leur faut s’opposer à tout prix a toute déclaration qui pourrait être le moindre début de commencement de signe d’une opposition à une autre communauté. Bref, combattre l’intolérance par l’intolérance ! Elles n’hésitent pourtant pas à faire de la provocation en votant ou en préparant des lois sur l’interdiction du voile ou de la Burqa, lois qui offensent beaucoup plus les Musulmans que les propos de notre pauvre Pascal Clément !

La volonté de défendre la culture de son pays, son cadre de vie, le souhait de vivre dans une communauté de gens ayant des traditions, une religion ou des coutumes que l’on aime, sont des motivations tout aussi légitimes que l’universalisme défendu par certains. Nos compatriotes Corses nous rappellent souvent leur aspiration à vivre entre Corses dans un pays, une nature qu’ils veulent préserver. On peut critiquer leurs moyens d’action fort répréhensibles et leur rejet des autres, mais après tout leur désir de vivre entre eux peut se comprendre.

L’intégration de personnes de cultures différentes est un enrichissement pour notre pays, mais c’est avant tout un problème de dosage. Si les étrangers arrivent trop nombreux, alors c’est nous qui devrons nous adapter et ce n’est pas ce que nous souhaitons ! Nous pouvons très bien accepter qu’une famille étrangère s’installe dans une maison voisine, mais nous ne voulons pas vivre dans une rue où il n’y aurait que des étrangers et en plus de la même communauté. Nos belles âmes ne veulent pas comprendre cela, elles qui défendent des beaux principes, mais qui vivent rarement dans des quartiers dits ethniques ! Elles devraient aussi réaliser qu’un jour en vertu de ces principes, les Français pourraient devenir minoritaires dans leur propre pays. Qu’adviendrait-il alors des libertés qu’elles prétendent défendre ?

La France malheureusement abuse des lois, pour se donner la bonne conscience d’avoir réglé un problème et pouvoir dire ensuite aux émigrants qu’ils doivent respecter les lois de notre pays. Nous avons une loi sur le port du voile, nous préparons une loi sur la Burqa et gageons que l’idée d’une loi sur les minarets fleurira un jour dans la tête d’un de nos brillants politiciens. Pourquoi toutes ces lois ? N’y a-t-il pas d’autres moyens disponibles ?

Ne pouvait-on pas régler le problème du voile des enfants Musulmans en indiquant que les élèves en classe devaient se décoiffer par respect pour le professeur sous peine d’exclusion? Cela aurait permis d’une part de rappeler à tout le monde cette notion élémentaire oubliée, et d’autre part d’éviter de provoquer inutilement l’Islam, tout en forçant enfants Juifs et Chrétiens à abandonner les signes religieux qu’ils pouvaient porter depuis toujours. Il n’y aurait pas eu plus d’hypocrisie dans cette démarche que dans la justification au nom de la laïcité d’une loi qui voulait en fait protéger les jeunes filles Musulmanes contre la coercition de leur entourage.

Le problème de la construction des minarets, si les Français y sont opposés ce que l’on peut penser, peut lui aussi être réglé sans loi et nous avons un moyen très simple à travers les permis de construire. Qui d’entre nous n’a subi les tracasseries de l’Architecte des Bâtiments de France refusant de donner son aval à un permis parce que la forme d’une porte, d’une fenêtre ou d’une toiture, ou bien encore les types de matériaux utilisés n’étaient pas conformes au style de la région ? Sur quelles lois s’appuie-t-il pour interdire certaines constructions ?

En cette période de Noël, souhaitons que nos belles âmes pour une fois montent au ciel et nous fichent la paix.

Dec 2009

mercredi 9 décembre 2009

Décevante Amérique

L’élection du Président Obama a soulevé dans le monde entier un immense espoir, confirmé ensuite par ses premiers discours lorsqu’il a pris ses fonctions. Un Président Américain d’origine Africaine, né au milieu de l’Océan Pacifique, qui a passé une partie de sa vie en Indonésie devait avoir l’ouverture d’esprit pour comprendre le monde, établir des bonnes relations avec tous les pays et ses alliés en particulier.

Hélas la déclaration qu’il vient de faire sur un renforcement de l’action militaire en Afghanistan, lui mérite un vrai carton jaune. Ce n’est pas l’envoi de renforts que l’on peut lui reprocher, c’est peut être nécessaire pour aider les troupes déjà présentes dans le pays et qui se déploient dans des conditions très difficiles, mais la préparation de cette décision.

D’abord, une fois de plus l’Amérique décide toute seule de l’action à mener, et se retourne ensuite vers ses alliés de l’OTAN, pour leur demander de l’aider en ne leur laissant que le choix entre l’allégeance ou l’affrontement. Le grand changement aurait été que le Président des Etats-Unis réunisse ses alliés d’abord pour discuter du problème, prendre leur conseil et décider avec eux de la stratégie et des actions à entreprendre. Associer ses Alliés à une telle décision était quand même une chose élémentaire et aurait été le meilleur moyen d’avoir ensuite leur adhésion !

Les Français ont toujours été agacés dans le passé par cette attitude méprisante de l’administration Américaine et ils vont sans doute être une fois de plus taxés d’antiaméricanisme primaire, car ils sont dans leur majorité opposés à l’envoi de troupes, sans préjuger bien sûr de ce que décidera leur gouvernement.

Et puis augmenter nos moyens, cela représente une escalade vaine, si aucune stratégie nouvelle n’est définie. Le point le plus important est naturellement de gagner la confiance de la population locale dans ce que nous faisons en Afghanistan. D’abord en mettant au pouvoir un gouvernement en qui les Afghans se reconnaissent et en qui ils ont confiance. Ce n’est pas le cas actuellement ou les leaders ont peine à s’imposer (Monsieur Karzai est tout au plus le maire de Kaboul) et sont malheureusement souvent incompétents et accusés de corruption ! Ensuite en montrant concrètement ce que l’Occident peut leur apporter pour améliorer leur sécurité et leur qualité de vie. Cela devrait se faire en investissant dans les infrastructures du pays (routes, écoles, hopitaux…) en créant des entreprises qui fournissent du travail aux jeunes en particulier, et en formant des élites et des forces de l’ordre responsables.

Si nous ne redéfinissons pas une telle stratégie, et poursuivons les mêmes erreurs, les Afghans vont de plus en plus se tourner vers les Talibans. Par crainte d’abord, par ressentiment ensuite, parfois provoqué par nos malheureuses bavures sur les populations civiles, et tout simplement parce qu’ils savent ce qui se passera quand nous partirons.

A ce sujet, l’annonce par Obama d’un retrait de nos troupes à la mi 2001 est un désastre. Elle a sans doute été faite pour calmer l’opinion publique Américaine. Mais comment cette décision peut-elle amener les Afghans à avoir confiance en nous. Les Talibans peuvent bien rire et se dire qu’ils peuvent lever le pied pendant 18 mois tout en avertissant les populations de leur retour programmé. Prétexter d’autre part que cette annonce a pour but de mettre la pression sur le gouvernement Afghan pour qu’il prenne les choses en mains, est ridicule et incohérent lorsqu'on rappelle à longueur de discours que nous sommes en Afghanistan pour assurer notre propre sécurité!

Enfin, beaucoup seront déçus par un Président qui, malgré le Prix Nobel de la Paix qu'on vient de lui décerner, accentue l’effort de guerre de son pays ! Peut-être le Président Obama n’avait pas d’autre choix que l’envoi de troupes supplémentaires, mais il avait une bien meilleure façon de présenter les choses, en annonçant que les 30000 soldats seraient en fait prélevés sur les troupes stationnées en Irak qu’il s’était engagé à retirer.

Hélas ses conseillers n’ont sans doute pas pensé à cela !

Décembre 2009