samedi 29 février 2020

Hier soir, aux Césars, on a hurlé avec les loups !



Tout était préparé  à la cérémonie des Césars pour poursuivre le lynchage organisé de Roman Polanski dont le film « j’accuse », relatant l’affaire Dreyfus, avait reçu 12 nominations !

L’animatrice de service, en manque d’humour, s’est livrée à un numéro complaisant pour enfoncer le metteur en scène controversé,  car en bonne professionnelle elle savait qu’elle aurait  le support des participants à cette cérémonie, adeptes, comme beaucoup, des attaques idéologiques à la mode !

Il faut condamner énergiquement le comportement passé de Roman Polanski, si les faits reprochés sont avérés, mais ceci n’interdit à personne de reconnaître son talent et le fait qu’il ait fait avec «J’accuse» un excellent film. On ne voit pas pourquoi les jugements portés sur les oeuvres artistiques doivent être fonction du comportement moral de leurs auteurs, sachant de plus que la morale de référence peut varier suivant les époques ! Combien d’œuvres du passé faudrait-il alors condamner sur la base des « valeurs »  ou des "modes" et des "lubies" d’aujourd’hui ?

Cette cérémonie nous fait penser à l’album de Lucky Luke « Les rivaux de Painfull Gulch » où, lors d’une foire, un concours du plus beau taureau est organisé dans un village de l'Ouest Américain. Les O’Hara et O’Timmins, deux familles ennemies, présentent chacune un puissant animal. Alignés à côté d’eux, trois taureaux plutôt chétifs, dont l'un dit  « J’espère qu’ils vont juger aussi la moralité ! »

Au palmarès de ces Césars, le film de Polanski n’a récolté que deux récompenses malgré toutes ses qualités et ses nombreuses nominations, avec un prix de la meilleure adaptation et un prix de meilleur réalisateur, et bien sûr sans le César du meilleur film de l’année qu’il méritait amplement !

A l’annonce d’une de ces récompenses, et après avoir raté le prix d'interprétation féminine, l’actrice Adèle Haenel a trouvé bon de poursuivre son entreprise de publicité personnelle en quittant la salle pour protester, suivie en cela par d’autres femmes adeptes de la mode actuelle MeToo ! La cause des femmes n’est jamais défendue de manière crédible par leurs consœurs du show bizz qui ont tendance a dénoncer, bien tardivement, les exactions dont elles ont sans doute profité personnellement dans leur carrière, et même si leur notoriété constitue un très bon porte voix pour cette cause!

L’équipe du film et son producteur avaient fort intelligemment décidé auparavant de boycotter cette mascarade et de garder leurs distances avec cette sulfureuse cérémonie qui plombe encore un peu plus cette discutable Académie.

La soirée s'est déroulée, en effet, en pleine controverse sur la gestion des Césars qui a vu, il y a quelques semaines, son conseil d’administration démissionner dans son ensemble. Le paradoxe est que les reproches, qu'on lui faisait,  portaient essentiellement sur les critères d’appréciation pour décerner les récompenses. Va-t-on maintenant introduire des considérations sur la morale dans les nouveaux critères qui seront définis?

Autre paradoxe, le thème du film ostracisé « J’accuse » dénonce l’aveuglement, l’intolérance, l’injustice et l’antisémitisme, alors que nos donneurs de leçons ne font pas autre chose en s’attaquant à un metteur en scène qui de plus est, paraît-il, lui-même juif !


On sait que l’Académie des Césars est une entreprise marketing utile pour promouvoir le cinéma. Elle va devoir se réformer et on lui souhaite de donner un avantage prépondérant aux choix du public pour qui, après tout, les films sont produits, et dont on ne voit pas pourquoi il serait moins bon juge! Ces choix présenteraient une transparence toujours utile pour éviter les magouilles, et limiteraient le nombrilisme à la profession!

vendredi 28 février 2020

Procès Fillon: Morale, Justice et Impartialité


Le procès Fillon vient de commencer. On reproche à l’ancien Premier Ministre d’avoir embauché sa femme comme assistance parlementaire pendant des années, sans que celle-ci n’ait effectué le moindre travail. Cet emploi fictif, aux frais des contribuables, est bien évidemment moralement scandaleux.

Mais la justice n’est pas juste, elle est avant tout juridique, et elle s’applique en fonction de lois, de règlements, de procédures, de textes, de faits, de témoignages et de preuves. Et les avocats des époux Fillon peuvent mettre en avant un certains nombre d’arguments pour leur défense.

D’abord la procédure d’instruction de cette affaire et la mise en examen des intéressés ont été, contrairement à l'habitude, menées très rapidement, en pleine campagne électorale Présidentielle, comme si l’intention était d’anéantir les chances du candidat de la Droite, ce qui peut paraître suspect et certains y voient d'ailleurs un complot politico-judiciaire!

Ensuite on reproche à Pénélope Fillon de n’avoir accompli aucune tâche liée à son travail. Mais la fonction d’assistant parlementaire n’étant apparemment définie dans aucun texte, sur quelle base la Justice peut-elle donc s’appuyer ? Après tout, juridiquement dans ces conditions, faire le café le matin et s’occuper des enfants peut être considéré comme une assistance à un mari très pris par ses fonctions !

C’est d’autre part à la Justice de fournir la preuve de ses accusations, et en l’absence d'une définition de la fonction, par ailleurs fort bien rémunérée de Pénélope, ce n’est pas  si facile ! L'absence d"évidences, n'entraine pas obligatoirement l'évidence d'absences!

Et puis une loi a été votée dans la précipitation, immédiatement après les révélations de l'affaire Fillon, pour interdire dans l'avenir aux parlementaires l'utilisation de membres de leur famille comme assistants. N'est-ce pas un argument qui peut jouer en faveur des accusés?

La défense peut aussi prétendre que le pouvoir judiciaire n’est pas compétent pour juger les infractions commises au sein du pouvoir exécutif, et qu’après la mise en examen durant la campagne électorale, il s’agit là d’une seconde interférence incompatible avec le principe de la séparation des pouvoirs!

Enfin cette affaire n’est pas dépourvue de paradoxes. L’Assemblée Nationale, par exemple, se porte partie civile et réclame à François Fillon le remboursement de plus d’un million d’euros. Mais cette noble institution agit pour le compte de ses élus dont un grand nombre ont profité de la même "combine" pour utiliser l‘argent public au profit de leur famille. Va-t-elle aussi engager d’autres poursuites contre ses membres?

Pénélope peut-elle être condamnée à l’issue d’un procès au cours duquel les juges auront passé tout leur temps à démontrer qu’elle n’avait « rien fait » ? (sic)

Mais le sort de François et Pénélope Fillon est maintenant fortement menacé. Les médias les ont déjà condamnés, et depuis longtemps!  Et il est évident que même si les juges veulent faire leur métier honnêtement, il leur sera difficile d’être impartial car ils se sentiront obligés, dans tous les cas de figure, de prononcer une condamnation dont l’absence ne serait pas comprise par les Français qu'ils sont censés défendre et représenter!

dimanche 2 février 2020

L’antisémitisme, ce fléau !



Tous les gens sensés condamnent l’antisémitisme qui gangrène nos sociétés d’aujourd’hui. La plupart ne comprennent d’ailleurs pas les manifestations qui l’accompagnent et s’étonnent même, qu’après toutes les violences qu’il a subies dans son histoire, le peuple juif fasse encore aujourd’hui l’objet d’un tel ostracisme !

L’antisémitisme se manifeste de plus en plus par des propos, des insultes, des profanations et même parfois des attentats. C’est un fléau qui porte atteinte à la sérénité de notre vie en société qui a déjà, et de plus en plus, suffisamment de sujets de discorde.

De nombreux ouvrages, de nombreuses enquêtes lui sont consacrés, un nouveau livre vient de sortir riche en statistiques qui interpellent les lecteurs. Mais ces efforts sont vains car ils sont en général factuels et moralisateurs, et portent peu souvent sur l’analyse des raisons de l’antisémitisme.  

En effet, on dénonce, on réprouve, on moralise, on condamne mais jamais on ne procède à une analyse des causes de l’antisémitisme. Pourquoi donc les coupables d’actes antisémites ne sont-ils  jamais publiquement interrogés sur leurs motivations, pourquoi ne leur demande-t-on jamais d’expliquer ou de justifier leurs actes ?

C’est très dommage car sans analyse des causes d’un problème, on n’a aucune chance de le résoudre !  Pourquoi les gens sont-ils antisémites ? Est ce une mode, une habitude,  une jalousie, un ressentiment, une forme de racisme ou une réaction politique ?

Les Juifs s’identifient en une race qui se transmet de façon maternelle. Ils ont de plus organisé entre eux une très grande solidarité. Est-ce ce communautarisme qui déclenche des réactions négatives chez certains ?

Est-ce un problème religieux ?  La religion juive est à l’origine des deux autres religions monothéistes qui ont fait sécession. Les Chrétiens ont en particulier longtemps reproché aux Juifs d’avoir fait exécuter leur Messie, mais cette histoire très ancienne a-t-elle laissé encore des traces de nos jours ?

Peuple d’élite et dominateur selon De Gaulle, sa diaspora juive se voit-elle reprocher une quelconque habileté et un succès dans le monde du pouvoir, des affaires ou des médias pouvant engendrer un certain ressentiment ?

Même s’ils l’on été autrefois, les Français dans leur ensemble ne sont plus aujourd’hui antisémites. Mais ils ont accueilli chez eux beaucoup d’immigrants.  Est-ce que ces immigrants ont accru l’antisémitisme dans notre pays pour diverses raisons ?  Les Arabes par exemple (eux-mêmes sémites)  reprochent-ils à l’Etat d’Israël la façon dont il traite leurs « frères » palestiniens ? Sont-ils aussi poussés par une rivalité religieuse ?

Il serait intéressant, pour comprendre, de pouvoir statistiquement répondre à ces questions. Ce n’est pas fait, sans doute pour deux raisons, Les lois de notre République d’abord qui ne reconnaissent pas les communautés et par conséquence rendent très difficiles les analyses. Et ensuite une forme de tabou dont notre société, de tradition catholique, a le secret et pouvant se traduire par : « il ne faut pas chercher à comprendre, il faut condamner énergiquement, un point c’est tout ! »

Mais si l’on n’essaie pas de s’attaquer à ses causes, avec un devoir d’explication et de persuasion,  et avec des efforts pour rapprocher les communautés, l’antisémitisme aura toujours un bel avenir devant lui !