jeudi 27 juin 2019

Cosmétique: Le plan Trump pour la Palestine



Depuis des décennies, les Présidents Américains, pour se donner bonne conscience, proposent des solutions, organisent des pourparlers pour établir la paix au Moyen Orient entre Palestiniens et Israéliens. Ces plans échouent tous pour les mêmes raisons.

D’abord  parce qu’ils n’y croient pas sincèrement eux-mêmes et ne pensent qu’à montrer qu’ils se préoccupent du problème. Ensuite parce que les vrais problèmes ne sont pas évoqués.  Enfin parce que dans les négociations et l’arbitrage qu’ils proposent, ils prennent systématiquement le point de vue des Israéliens.

Le dernier plan présenté par le jeune gendre du Président Trump ne fera pas l’objet du moindre intérêt. D’abord curieusement les Israéliens et les Palestiniens n’ont pas participé à sa présentation. Ensuite ce plan n’a pour l’instant qu’un volet économique et la politique y est curieusement absente. En bon businessman Trump pense évidemment  que l’argent et le commerce peuvent résoudre tous les problèmes, et dans ce cas il se trompe lourdement.

Echaudés depuis très longtemps, les Palestiniens à qui Trump propose 50 milliards d’investissements pour créer un million d’emplois, ne s’y sont pas trompés et ont d’ores et déjà rejeté ce plan avant même d’en connaître la suite et ses modalités. Les investisseurs invités à la conférence n’y ont  d’ailleurs envoyé que de seconds couteaux.

Les Américains ont le pouvoir de faire la paix au Moyen Orient, mais leur politique dans cette région leur est essentiellement dictée par l’Etat d’Israel et ses lobbies puissants aux Etats Unis, et ceux ci ne veulent pas entendre parler d’une paix qui rognerait le moindre de leurs "acquis".

Dès lors, Washington feint d’ignorer que la seule base de départ de négociations avec les Palestiniens est la libération de leurs territoires occupés par Israel, occupation condamnée dans le passé par l’ONU, afin de permettre la création d’un état Palestinien, en contrepartie de quoi ceux-ci seraient amenés à reconnaître l’existence de l’Etat d’Israel ! Ceci est la seule logique possible de négociation et après celà bien sûr le plan d'investissement proposé aujourd'hui serait le bienvenu!

Nous en sommes très loin, c’est la raison pour laquelle nos amis Américains feraient mieux de nous épargner ce cinéma de simulacre de plan de paix qui revient à la surface lors de chaque nouveau mandat Présidentiel et qui devient de plus en plus frustrant.

L’Europe, qui a une position impartiale sur le conflit, pourrait jouer un rôle, mais les Israéliens n’accepteront jamais son arbitrage car ils préfèrent bien sûr celui des Américains !



vendredi 7 juin 2019

Les messages de la commémoration du débarquement.



Emouvantes ces cérémonies sur les plages de Normandie. La présence de chefs d’Etats et de plusieurs vétérans, dont les rangs malheureusement s’éclaircissent, les images par beau temps des champs de bataille, ont provoqué beaucoup d’émotion chez nombre de nos compatriotes scotchés non stop à leur télé.

La célébration de Colleville, sur la plage d’Omaha Beach, dans le cimetière Américain, où Donald Trump, "chez lui", accueillait le Président Macron nous a valu deux discours sur le débarquement, lyrique pour celui-ci plus factuel et plus personnalisé,  pour l’hôte de Washington.

Dans un contexte politique actuel très difficile, ces deux leaders ont su mettre leurs querelles de côté pour ne se consacrer qu’à la mémoire des héros qui ont libéré notre pays et à la congratulation mutuelle sur l’amitié de longue date entre leurs deux peuples.

Les discours, sans doute écrits par des gens brillants et très documentés,  n’étaient pas cependant sans messages. On retiendra la phrase de Macron : « L’Amérique n’est jamais aussi grande que quand elle se bat pour la liberté des autres » ( allusion évidente au combat personnel qu’elle mène actuellement) à laquelle Donald Trump répondra quelques minutes plus tard  en déclarant « l’Amérique n’a jamais été aussi grande qu’aujourd’hui » (bien entendu grâce à lui !).

Les deux Présidents ont affiché des relations chaleureuses, alors que leurs désaccords sont immenses et cela paraît troublant sinon artificiel ! Il est toujours très utile de garder de bonnes relations avec un pays avec lequel nous sommes en désaccord profond, mais à la condition que l’on ne renonce pas à défendre ses intérêts. 

Or nous avons l’impression que la France et l’Europe en général sont sans aucune réaction devant tout ce que décide seul leur allié Américain, et acceptent même de se voir imposer des décisions contraires à leurs intérêts. Trump joue le même jeu avec les autres grandes puissances et il nous serait très facile d’entamer des discussions ou au moins une concertation avec celles-ci pour convenir de la façon de lui tenir tête ! Les Chinois par exemple, malmenés par les Etats Unis, se rapprochent actuellement des Russes!


Pourquoi ne le faisons nous pas ? Quand nos alliés, même les meilleurs, nous tirent dans les pattes, il faut en chercher d’autres ! Allons nous attendre que Trump soit vraiment allé trop loin ? Il n'est pas prêt, lui, d'être "débarqué" et il va poursuivre ses actions très négatives sur le plan international
Nous devrions y réfléchir!

Le levier le plus sensible est l'utilisation du dollar dans les échanges commerciaux. Si les nations s'entendaient sur l'utilisation d'une ou plusieurs autres monnaies, de compte et de règlement, ce serait la fin dans de monde de la suprématie des Etats Unis qui devraient alors gérer leur économie comme tous les autres pays, et ne pourraient plus dicter aux autres leurs volontés. Trump néglige volontairement cette menace, qui serait la fin de la domination économique américaine dans le monde, car il est certain que les autres pays sont incapables de s'unir pour lui faire cette opposition!

jeudi 6 juin 2019

Libération : déjà 75 ans



Beaucoup de commémorations pour cet anniversaire, beaucoup de films et de reportages à la télévision. On ne reviendra jamais assez sur la gratitude des Français vis à vis des alliés venus les libérer au prix du sacrifice de nombreux jeunes hommes qui se sont comportés de manière héroïque sur les plages de Normandie.

Si le Débarquement a été un événement considérable pour nous Français, on peut aujourd’hui, sans donner dans l’ingratitude, porter un regard critique sur les conditions de son organisation, de sa stratégie et de son déroulement, même si les commentaires que l’on peut faire ne serviront plus dans l’avenir car une telle opération est maintenant impensable compte tenu des moyens modernes d’intervention et de la très grande réticence des peuples à sacrifier des vies humaines lors des combats !

Au vu des massacres qui ont eu lieu sur le littoral Normand, plusieurs questions sont toujours ouvertes. Le choix du jour J d’abord. Une météo exécrable qui a d’ailleurs amené le commandant en chef à différer d’un jour le débarquement prévu, n’aurait-elle pas du donner lieu à un report plus conséquent ? Le mauvais temps a en effet rendu les choses beaucoup plus difficiles et l’effet de surprise n’a fonctionné que partiellement.

Pourquoi avoir lancé sur les plages tous ces jeunes hommes sans s’être au préalable assuré d’avoir  fortement détruit les défenses Allemandes ? Car l’aviation n’a en effet pas fait preuve de beaucoup de précision et d’efficacité, mais a par contre fait beaucoup de victimes civiles ! Et la Marine de son coté, paralysée par le mauvais temps, n’a pu être très performante dans ses assauts.

Pourquoi les Alliés ont-ils sciemment voulu écarter les Français de cette intervention ? Le Général de Gaulle n’a été informé de sa date que la veille ou l’avant veille.  Il aurait pu mettre davantage à contribution ses réseaux de résistants. Ceux-ci auraient pu gêner considérablement les troupes Allemandes, or ils ne sont intervenus, au départ, que dans les quelques sabotages habituels, dans les communications en particulier.

Ce sont surtout les Américains qui ont tenu à mettre De Gaulle à l’écart, parce qu’ils avaient leur plan pour diriger la France après la libération, plan dont De Gaulle ne faisait pas partie. Avaient-ils alors oublié que quand le Comte de Rochambeau avait débarqué  avec son armée dans leur pays pour le libérer des Anglais, il s’était mis immédiatement sous les ordres de Georges Washington, général pourtant beaucoup moins qualifié militairement que lui, mais dont c'était le pays qu'il connaissait mieux que les Français?

Ce débarquement a heureusement fini par réussir pour notre bien à tous, mais à quel prix ? L’intensité des moyens déployés, la multitude de bateaux, d’avions, de troupes engagés et l’ingéniosité des stratèges militaires nous impressionnent encore aujourd’hui, mais occultent un peu trop les sacrifices en vies humaines qu’il a fallu consentir, et que l’on aurait sans doute pu réduire!



mardi 4 juin 2019

Donald Trump dans le magasin de porcelaine !



Intéressante cette visite officielle de l’ineffable Président des Etats Unis dans le royaume de la politesse, de la réserve et de l’étiquette ! Outre l’accueil assez froid qui lui a été réservé par les Anglais moyens, tous les commentateurs sont à l’affût des maladresses, des écarts de langage, des faux pas en tous genres venant d’un Américain qui aggrave considérablement, aujourd'hui aux yeux des Européens, la réputation de ses compatriotes !

Avec ses tweets ravageurs,  en particulier celui qu’il a écrit sur le maire de Londres, il s’est déjà, avant son arrivée, attiré l’hostilité d’une grande partie des Britanniques. Comment peut-on à ce point  saborder une visite officielle, qui doit consacrer l’amitié entre deux peuples ? A-t-il quelque chose dans la tête ou ses conseillers sont-ils pires que lui ?

Ses interférences dans la vie politique du Royaume Uni, qui traverse une période délicate sont aussi d’un très mauvais goût et d’une maladresse record. ! On sait qu’il veut par exemple la peau de l’Europe et il encourage les Brexiters à en sortir le plus vite possible. Les Anglais apprécient modérément car même les partisans du Brexit sont très dubitatifs sur le soutien qu’ils auront ensuite des Etats Unis avec ce Président là !

Attendons la fin de ce voyage haut en couleurs qui va alimenter les gazettes, mais interrogeons nous sur la réaction des pays Européens. Quand Trump recommande chaudement aux Britanniques de quitter l’Europe le plus rapidement possible sans aucun accord et de le faire sans faire face à leurs obligations financières contractuelles, considèrent-ils que les Etats Unis sont toujours leur allié ?

Il serait pour eux grand temps de réagir pour défendre leurs intérêts. Ils ne le feront pas compte tenu de leurs divisions et de la dépendance économique et militaire de certains d’entr’eux vis a vis des Etats Unis, et qui sont prêts à court terme à avaler toutes les couleuvres pour maintenir de bonnes relations avec ceux !

Nous ne ferons pas l’Europe avec cette tutelle Américaine, dont les méfaits  actuels et potentiels sont clairement mis a jour par ce Président inexpérimenté qui joue un jeu personnel qu’il pense bon pour son pays. Si nous voulons développer notre communauté il est grand temps de rééquilibrer nos relations et nos alliances avec les autres grandes puissances, Russie et Chine en particulier. Ce rééquilibrage permettrait de ne pas laisser libre la scène politique internationale à notre éléphant de Washington et l’amènerait sans doute à réfléchir sur les vrais intérêts de son pays.