samedi 11 février 2023

Retraites. les erreurs de Macron

 

 Cette réforme, nécessaire pour sauver le régime des retraites et qui est logique si on compare notre âge moyen de départ en retraite comparé à celui de nos voisins européens, suscite une grande opposition en France. Une grande partie de la responsabilité en revient à notre Président qui a fait preuve d’une certaine imprévoyance et d’une mauvaise communication.

 

D’abord sa première erreur est de ne pas avoir mené à bout la réforme à points présentée durant son premier mandat et qui permettait d’équilibrer les comptes futurs des caisses de retraite, tout en supprimant beaucoup d’injustices dues aux divers régimes actuels. En renonçant à cette réforme, votée au Parlement et supportée par certains syndicats, il a montré aux opposants que s’ils avaient réussi à la combattre, ils pouvaient avoir le même succès pour les réformes suivantes !


La seconde erreur est de se focaliser sur l'âge de départ en retraite devenu un tabou politique alors que pour régler le problème de l'équilibre financier des caisses de retraite c'est sur le montant total des cotisations que l'on doit agir ! Et si pour des raisons diverses on donne la préférence à l'allongement des durées de cotisations sur l'augmentation de celles-ci, pourquoi ne pas simplement parler de cette durée? Ce serait une méthode plus juste  et compréhensible pour les travailleurs et donc plus acceptable. La réforme Touraine il y a quelques années allait dans ce sens et elle avait été votée par les socialistes, sans grandes démonstrations dans les rues !

 

Réélu, bien que par défaut, avec dans son programme cette nouvelle réforme, Macron présente en toute imprudence un projet « adouci », les 65 ans sont devenus 64 par exemple, sans comprendre qu’il devra lâcher du lest dans les négociations, ne serait-ce que pour permettre une sortie à ses adversaires qui ont besoin de sauver la face. Les concessions que le gouvernement va devoir faire maintenant risquent fort de détruire l’équilibre financier recherché des caisses de retraite dans l’avenir et conduire rapidement ses successeurs à lancer une nouvelle réforme, ce à quoi tout le monde s’attend !

 

Cette réforme donne aussi l’impression d’avoir été bâclée tant elle comporte d’injustices ou d’imprécisions qui vont devoir être corrigées par les Parlements. On comprend mal en effet la façon dont on a peu pris en considération les carrières longues, la pénibilité de certains travaux ou la retraite des femmes aux carrières interrompues. Elle a aussi été présentée avec des commentaires inexacts que les syndicats se sont empresser d’exploiter. Ce fut le cas par exemple lorsque l’on a annoncé une concession au parti LR, pour avoir son support, en déclarant pour tous un montant minimum légal futur de la retraite faisant croire à une augmentation importante, alors qu’elle est plutôt réduite et ne s’applique de plus qu’à très peu de gens !

 

Le timing est aussi très mal choisi. La réforme devait être discutée au parlement à la fin de l’année dernière (après la rentrée bien sûr !). Mais pour une raison inexpliquée (Coupe du monde de foot ou fêtes de fin d’année ?) elle a été reportée en début d’année suivante, au moment malencontreux où certaines très grandes entreprises (Total Energies et LVMH par exemple) annoncent des bénéfices, dont on pouvait prévoir qu’ils battraient des records ! Cette bévue qui permet aux opposants à le réforme de ressortir leur classique « les riches doivent payer »  est le fait d’une imprévoyance de Macron !

 

La communication du gouvernement est aussi en dessous de tout, comparée à celle des syndicats qui démontrent de façon convaincante, à coup de mensonges et de déclarations péremptoires, que cette réforme, qui supprime des avantages acquis, n’est pas finalement financièrement nécessaire ! Alors que le pouvoir en place est incapable de convaincre les Français qu’il est évident que le système de retraite actuel ne puisse s’équilibrer, sans un effort de leur part, du fait de la diminution des cotisants et de l’augmentation des retraités !

 

Comment peut-on aussi se priver du soutien de notre jeunesse, menacée de voir le système par répartition disparaitre (beaucoup de jeunes disent et pensent qu’ils n’auront pas de retraite plus tard !) et pour qui la perspective de travailler deux années de plus est vraiment très lointaine (et a encore le temps de beaucoup changer durant leur vie !), en la laissant ainsi manipulée par les syndicats qui en ont fait un farouche opposant qui descend dans la rue ?

 

Deux concepts s’affrontent dans cette réforme : d’un côté l’évidence arithmétique de la nécessité de rééquilibrer financièrement le système de retraite dans l’avenir pour le sauver, et de l’autre le refus de beaucoup de Français, convaincus ou non de cette évidence, de travailler davantage pour y parvenir !

 

Il est temps que nos compatriotes deviennent responsables et cessent de croire qu’ils puissent conserver longtemps un système de protection sociale bien plus élevé que celui de leurs voisins, tout en travaillant beaucoup moins qu’eux !