vendredi 12 juillet 2024

Nombrilisme médiatique

 

 Nous avons tous besoin de médias dans une démocratie, qu’ils soient dans l’écriture, le visuel ou l’audio. Bien sûr ces médias impliquent un pluralisme d’informations et d’opinions exprimées, c’est un principe fondamental ! La France est dans ce domaine plutôt bien placée, n’en déplaise à certaines organisations fascisantes qui voudraient éliminer ceux qui ne partagent pas leurs opinions !

 

Mais le principal reproche que l’on peut faire à tous nos médias est sur le comportement de nos journalistes qui ont toujours trop tendance à privilégier le commentaire sur les faits ou les déclarations, et de se prendre pour des acteurs des évènements et non pour les observateurs et commentateurs qu’ils sont en fait !

 

On le voit fréquemment à la Télévision par exemple, quand les interviewers ne laissent pas parler leurs invités ou les interrompent constamment par des questions qui sont davantage de nature à exprimer leur propre opinion qu’à mettre en valeur les réponses de leurs invités. Ils  donnent trop souvent l’impression qu’ils pensent que la vedette de l’entretien c’est eux-mêmes.


Lorsqu'un homme politique fait une conférence, parfois importante, rapidement les journalistes interrompent le reportage pour faire des commentaires, frustrant ainsi les téléspectateurs qui voudraient écouter l'orateur jusqu'au bout pour se faire leur propre opinion, et qui ne pensent pas, eux, que les commentaires sur les propos tenus sont plus importants que les propos eux-mêmes !

 

Certes il leur est parfois utile de déstabiliser leurs interlocuteurs, dont beaucoup en politique manient avec talent la langue de bois ou éludent les questions, afin de faire ressortir la vraie nature et les idées ceux-ci, et pour ce faire pratiquer plus ou moins l’impertinence, mais ils devraient privilégier l’action ou la déclaration sur le commentaire.

 

Les chaines d’info contribuent largement à cette attitude puisque leur logique commerciale les amène à lancer de fréquentes campagnes publicitaires pour transformer leurs journalistes en véritables vedettes de l’actualité et les auditeurs ou téléspectateurs ne savent parfois plus s’ils regardent ou écoutent une interview pour s’informer ou pour entendre le journaliste qui donne la parole à une personnalité !

L’actualité vient de nous donner un exemple classique et très fréquent. Le Président Macron choisit d’adresser une lettre importante aux Français sur la situation politique difficile actuelle, et de la transmettre par l’intermédiaire de la Presse régionale. Combien de journaux ont-ils publié intégralement le texte de cette lettre ? Pratiquement aucun. 


Mais par contre on trouve dans les colonnes de ces journaux des pages et des pages de commentaires sur certaines phrases choisies que le Président a écrites, donnant l’impression que l’opinion des journalistes est plus importante que le message émis ! C’est d’une certaine manière un peu prendre les lecteurs pour des individus sous-développés qui ne peuvent pas se faire leur propre opinion !

 

Je me souviens avoir fait cette remarque au journal Le Monde il y a quelques années, qui avait sorti un numéro contenant deux pages de commentaires sur une déclaration de Jacques Chirac, sans publier cette déclaration. La rédaction m’avait alors dit accepter cette remarque ! 

 

L’information est naturellement un commerce, il est difficile de faire autrement dans une démocratie et un régime libéral, mais on aimerait bien revenir à un peu plus d’intégrité et de modestie parmi ceux qui la diffusent, la commentent et l’exploitent !

 

 

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