Décidément cela devient une habitude, après le Brexit et
l’élection de Donald Trump, les électeurs Français viennent à leur tour de désavouer
sévèrement les instituts de sondage. Le JDD, ce dimanche, publiait les résultats
de sondages effectués l’avant veille par IFOP et IPSOS qui donnaient les trois
favoris dans un mouchoir autour de 30% chacun et les résultats sont
respectivement De 44% pour Fillon, 28% pour Juppé et 21% pour Sarkozy. L’IFOP donnait même François Fillon
battu avec 27%!
Plusieurs raisons expliquent ce fiasco. Nous l’avons déjà
dit le choix des personnes sondées et la sincérité de celles-ci peuvent
expliquer ces différences. Les panels retenus sont-ils suffisants et
représentatifs ?
Mais pour cette élection Primaire deux difficultés majeures ont
fourvoyé nos sondeurs. D’abord dans une telle élection, il est sans doute difficile
d’identifier l’électorat et il aurait fallu sans doute travailler avec des
échantillons de population plus importants (744 personnes seulement dans le
sondage IFOP!). Nous avons vu par exemple que les premières annonces de résultats pour les 2000 premiers de bureaux de vote, bien que non représentatifs de la population, donnaient une très bonne idée du résultat final!
Ensuite il s’agissait de départager des candidats du même parti politique qui avaient tous des programmes très similaires et par conséquent les électeurs
pouvaient changer plus facilement d’opinion à la dernière minute. C’est plus
facile de passer de Juppé à Fillon dans une Primaire, que de la Droite à la
Gauche dans une élection classique ! Nos sondeurs nous parlent de
volatilité de l’électorat, et c’est bien le cas! Mais ils ne tiennent pas assez compte de la masse d'informations et d'opinions qui circulent dans les réseaux sociaux, et qui bien que souvent erronées, offrent une alternative à celles trop souvent dirigées des médias traditionnels!
Mais il y a aussi un autre phénomène qu’il ne faut pas
oublier. Comme dans les expériences scientifiques les thermomètres de
l’opinion, que sont les sondages, faussent la température que l'on veut mesurer! En effet la
publication des sondages influe grandement sur l’évolution de l’opinion et de
deux façons possibles. Une réaction de rejet des électeurs quand semaine après
semaine ils se voient infliger les mêmes sondages qui les amènent à se rebeller
et à changer d’avis. C’était le cas de Clinton et du Brexit !
Et puis il y a au contraire l’effet d'entrainement qui pousse l’opinion à
augmenter encore les écarts annoncés entre deux sondages. C’est le cas de cette
élection Primaire. En effet en mettant l’accent sur les progrès de Fillon dans
les sondages ces derniers jours, nos instituts ont déclenché une dynamique, une marée de
transferts du choix des électeurs qui se portaient sans enthousiasme sur Juppé
pour contrer Sarkozy, et se sont aperçus que Fillon pouvait aussi bien faire
l’affaire puisqu'il pouvait maintenant l’emporter.
Comme l’apprenti sorcier de Walt Disney, nos sondeurs ont été
complètement débordés par cette marée qu’ils avaient eux même déclenchée et ils
ont été incapables de voir et d’estimer son importance !
Les instituts de sondage ont maintenant du pain sur la
planche pour revoir leurs méthodes d’investigation et pour redonner confiance
dans leur publications ! Souhaitons qu’ils y parviennent rapidement car
ils sont utiles à notre société.
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