La valse des Milliards

Le coronavirus a fait sauter toutes nos règles habituelles de bonne gestion. Avant la crise il était toujours difficile de trouver des crédits pour financer tel ou tel projet utile ou rentable,  ou telles causes intéressantes, et là d’un seul coup le gouvernement commence à distribuer des milliards sans compter, sans se préoccuper des déficits et de la dette publique qui devient gigantesque.

Des milliards pour sauver Air France, des milliards pour éponger les pertes de Renault, des milliards pour augmenter les rémunérations des personnels soignants, des milliards pour améliorer le fonctionnement du système de santé…, tout cela nous donne le vertige !

Ou allons nous donc trouver tout cet argent et comment allons nous le rembourser ? On ne parle plus de faire des économies, on ne demande même pas non plus de contreparties aux intéressés ! Et tous ces crédits vont bien sûr dans les dépenses de fonctionnement et aucun, pour le moment, dans l’investissement !

Or si l’on veut que la croissance reparte et nous permette de rembourser toutes ces dettes, il est urgent d’investir pour développer des activités. Heureusement il y a l’Europe qui vient de décider laborieusement un plan de 750 milliards d’euros pour relancer les économies de ses divers membres et aider ceux qui sont en grande difficulté due à la crise. La mutualisation des dettes ainsi créées, et décidée pour la première fois dans son histoire, est un pas important dans sa future construction.

Cette décision a été difficile à prendre compte tenu de la position de petits pays comme la Hollande, le Danemark, l’Autriche ou la Suède que l’on a qualifié de frugaux, de radins ou d’égoistes faisant du chantage en utilisant la règle d’unanimité pour défendre leurs propres intérêts. Alors que ces fourmis du Nord rappelaient simplement leur devoir de bonne gestion aux cigales du Sud dont nous faisons partie! Nul doute que nous ne tiendrons aucun compte pour l’avenir de ce rappel !

 Mais cette étape de la mutualisation des dettes des partenaires, pourrait relancer l’idée de la création d’une Europe fédérale, la seule susceptible de nous amener la prospérité, et qui puisse nous permettre de rivaliser avec les autres grandes puissances. Une Europe avec un gouvernement, une politique économique et une fiscalité uniques. Une Europe avec une politique étrangère forte, seule capable d’éviter que nos décisions ne nous soient dictées par une autre puissance.

Une Europe qui peut montrer l’exemple dans beaucoup de domaines comme ceux de l’énergie, du climat, de l’utilisation des ressources de notre planète ! Une Europe capable en regroupant ses moyens capable de contrer l'hégémonisme Américain dans les domaines politiques, économiques et militaires. Une Europe en capacité de créer des concurrents aux Google, Amazon, Facebook ou Apple.  Une Europe qui pourrait imposer au monde sa vision des droits de l’homme en refusant de commercer avec les pays qui ne les respectent pas !

Une Europe bien sûr rejetée par tous nos souverainistes qui pensent encore bêtement, qu’à l’image du passé, la France peut encore dominer le monde et s’en tirer aujourd’hui toute seule ! Une Europe contestée par beaucoup d’hommes politiques qui y voient une réduction de possibilités pour leurs carrières et une perte de pouvoir! Une Europe d’ailleurs ardemment combattue par les grandes puissances comme les Etats Unis, la Russie ou la Chine, qui voient en elle un adversaire potentiel redoutable pour le futur ! Une Europe repoussée par beaucoup de gens en France qui craignent la disparition de leur culture (sic).

Les Français ont tort de redouter une Europe dans laquelle leur destin pourrait passer entre les mains des étrangers, des Allemands en particulier, car, quand on constate l’état dans lequel nos brillants hommes politiques ont mis depuis cinquante ans l’économie de notre pays, cette éventualité permettrait sans doute d’améliorer leur vie et les obligerait à ne plus dépenser sans compter l’argent qu’ils n’ont pas, laissant des dettes colossales à leurs enfants !