vendredi 22 septembre 2017

Intouchable Education Nationale !



Le MEDEF vient de provoquer les enseignants en affichant le slogan : « Si l’Ecole faisait son travail, j’aurais un travail ! » Cette provocation injuste et inutile met hors d’elle même la communauté des enseignants qui se sent profondément atteinte dans son travail et sa dignité.

La réaction est d’autant plus forte que cette communauté a l’habitude d’afficher un front énergique et très solidaire contre toutes attaques, mais aussi malheureusement contre toutes réformes de ses programmes, de son organisation ou de ses effectifs !

Le MEDEF a sans doute tort de stigmatiser ainsi notre Education Nationale, car après tout la création d’emplois est du ressort de ses entreprises et non de l’Ecole, mais il veut symboliquement mettre l’accent sur la difficulté actuelle pour les entreprises, de recruter des personnels formés. Il est pourtant aussi l’un des acteurs de la formation professionnelle.

Les enseignants ont eux tort de sentir ainsi visés car les reproches sont dirigés non pas contre eux, mais contre un système d’éducation dont ils ne sont que les instruments, pour ne pas dire les victimes, même s’ils s’emploient trop souvent, à travers leurs syndicats, à le pérenniser !

Cet épisode a au moins le mérite de reposer la réforme de notre système d’éducation, son organisation, son contenu et son coût. Pour beaucoup d’enseignants l’Ecole ne doit pas préparer les enfants à exercer plus tard une profession mais doit fournir une formation générale, leur donnant les connaissances de base. A eux ensuite de se "débrouiller" pour trouver un métier!
Cette attitude discutable a en outre le très gros inconvénient de détourner des milliers de jeunes de la filière apprentissage, qui est malheureusement la plupart du temps assimilée à un échec scolaire!

Cette approche doit donc être contestée car elle explique  les milliards d’euros supplémentaires que l’Etat doit, ou devrait, ensuite dépenser pour la formation de nos jeunes chômeurs pour leur permettre d’accéder à l’emploi. C’est l’éternelle incompréhension entre l’Ecole et le monde du travail.

Notre Education Nationale coûte cher et n’est pas performante, toutes les statistiques internationales nous le rappellent fréquemment. Nos amis Allemands par exemple, qui paient mieux des professeurs avec moins d’élèves que leurs collègues Français dans leurs classes, dépensent un point de moins de PIB que la France (5,1% au lieu de 6,1) pour l'éducation, et avec de meilleurs résultats et beaucoup moins d’élèves sortant du Primaire ne sachant ni lire ni écrire ! Pour justifier leur échecs, nos enseignants, eux, demandent chaque jour plus d’effectifs et bien sûr sans se poser d'une manière générale la question de leur efficacité, de leur absentéisme et de leur durée de travail!

Même si la plupart d’entre eux exercent consciencieusement leur métier, ils devraient réfléchir à ces arguments au lieu de vouloir coûte que coûte s’accrocher à un système déficient, qui laisse parfois penser que l’Ecole est d’abord faite pour eux plus que pour les élèves ! Ils devraient réaliser que l’Education Nationale représente le plus gros budget de l’Etat et que les contribuables que nous sommes ont le droit de juger de sa qualité et de son efficacité, et d’exiger des réformes s’ils les trouvent nécessaires! A leur décharge, il nous faut bien sûr admettre que notre République a mis dans le passé très peu de Ministres compétents et efficaces à la tête de leur institution!


Mais nous avons un système ultra centralisé donc très difficile à réformer. Il serait utile, comme en Allemagne par exemple, de donner plus de pouvoirs dans ce domaine à nos régions pour briser les conservatismes et instaurer partout une vraie émulation entre les écoles et entre les universités, à l'instar de ce qui se fait dans nos Grandes Ecoles dont personne ne conteste les qualités. La concurrence est faite pour faire « bouger » les gens !

Monsieur le nouveau Ministre Jean Michel Blanquer, vous avez du pain sur la planche pour réformer notre Education Nationale et la faire "bouger". Les Français attendent beaucoup de vous!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ami lecteur, vos commentaires seront pour nous très précieux.