Le MEDEF vient de provoquer les enseignants en affichant le
slogan : « Si l’Ecole faisait son travail, j’aurais un
travail ! » Cette provocation injuste et inutile met hors d’elle même
la communauté des enseignants qui se sent profondément atteinte dans son
travail et sa dignité.
La réaction est d’autant plus forte que cette communauté a
l’habitude d’afficher un front énergique et très solidaire contre toutes
attaques, mais aussi malheureusement contre toutes réformes de ses programmes,
de son organisation ou de ses effectifs !
Le MEDEF a sans doute tort de stigmatiser ainsi notre
Education Nationale, car après tout la création d’emplois est du ressort de ses entreprises et non de l’Ecole, mais il veut symboliquement mettre l’accent sur la difficulté actuelle pour les entreprises, de recruter des personnels formés. Il est pourtant aussi l’un des acteurs de la
formation professionnelle.
Les enseignants ont eux tort de sentir ainsi visés car les
reproches sont dirigés non pas contre eux, mais contre un système d’éducation dont ils ne sont que les
instruments, pour ne pas dire les victimes, même s’ils s’emploient trop souvent, à travers leurs syndicats, à le pérenniser !
Cet épisode a au moins le mérite de reposer la réforme de
notre système d’éducation, son organisation, son contenu et son coût. Pour
beaucoup d’enseignants l’Ecole ne doit pas préparer les enfants à exercer plus
tard une profession mais doit fournir une formation générale, leur
donnant les connaissances de base. A eux ensuite de se "débrouiller" pour trouver un métier!
Cette attitude discutable a en outre le très gros inconvénient de détourner des milliers de jeunes de la filière apprentissage, qui est malheureusement la plupart du temps assimilée à un échec scolaire!
Cette approche doit donc être contestée car elle explique les milliards d’euros supplémentaires que l’Etat doit, ou devrait, ensuite dépenser pour
la formation de nos jeunes chômeurs pour leur permettre d’accéder à
l’emploi. C’est l’éternelle incompréhension entre l’Ecole et le monde du
travail.
Notre Education Nationale coûte cher et n’est pas
performante, toutes les statistiques internationales nous le rappellent
fréquemment. Nos amis Allemands par exemple, qui paient mieux des professeurs avec
moins d’élèves que leurs collègues Français dans leurs classes, dépensent un
point de moins de PIB que la France (5,1% au lieu de 6,1) pour l'éducation, et avec de meilleurs résultats et beaucoup moins
d’élèves sortant du Primaire ne sachant ni lire ni écrire ! Pour justifier leur échecs, nos
enseignants, eux, demandent chaque jour plus d’effectifs et bien sûr sans se poser d'une manière générale la question de leur efficacité, de leur absentéisme et de leur durée de travail!
Même si la plupart d’entre eux exercent consciencieusement leur
métier, ils devraient réfléchir à ces arguments au lieu de vouloir coûte que
coûte s’accrocher à un système déficient, qui laisse parfois penser que l’Ecole
est d’abord faite pour eux plus que pour les élèves ! Ils devraient
réaliser que l’Education Nationale représente le plus gros budget de l’Etat et
que les contribuables que nous sommes ont le droit de juger de sa qualité et de
son efficacité, et d’exiger des réformes s’ils les trouvent nécessaires! A leur décharge, il nous faut bien sûr admettre que notre République a mis dans le passé très peu de Ministres compétents et efficaces à la tête de leur institution!
Mais nous avons un système ultra centralisé donc très difficile à
réformer. Il serait utile, comme en Allemagne par exemple, de donner plus de
pouvoirs dans ce domaine à nos régions pour briser les conservatismes et instaurer
partout une vraie émulation entre les écoles et entre les universités, à l'instar de ce qui se fait dans nos Grandes Ecoles dont personne ne conteste les qualités. La concurrence est faite pour faire « bouger »
les gens !
Monsieur le nouveau Ministre Jean Michel Blanquer, vous avez du pain sur la planche pour réformer notre Education Nationale et la faire "bouger". Les Français attendent beaucoup de vous!
Monsieur le nouveau Ministre Jean Michel Blanquer, vous avez du pain sur la planche pour réformer notre Education Nationale et la faire "bouger". Les Français attendent beaucoup de vous!
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