Michel Sapin et le déficit de 3%

Michel Sapin, nouveau Ministre des Finances, va tenter de négocier avec ses partenaires européens un nouveau délai pour la tenue de l’objectif de 3% du déficit de notre budget.

Nous allons encore une fois passer pour des rigolos laxistes, mais cette démarche est nécessaire et on ne comprend pas pourquoi nous n’avions pas demandé un délai plus long la première fois !

Nous avons nous-mêmes mis notre économie dans un cercle vicieux où nous sommes maintenant tenu de prendre des mesures urgentes et très difficiles. Il nous faut réduire de manière significative nos dépenses publiques pour baisser les charges de nos entreprises et permettre à celles-ci de rétablir la croissance de notre économie. Mais le paradoxe est qu'en réduisant ces dépenses, on réduit l’activité et l’on casse la croissance !

La seule solution de s’en sortir est d’agir intelligemment et de faire les réductions de dépenses progressivement. Car même l’argent gaspillé pour financer des tâches ou des projets inutiles contribue à favoriser la croissance ! Il est simplement mal ciblé.

Trente ou quarante ans de mauvaise gestion des comptes publics ne peuvent pas être compensés par une action, même volontariste, sur deux ou trois années.

Le drame des hommes politiques est de toujours vouloir régler les problèmes dans le court terme, c’est à dire durant leur mandat. C’est rarement possible en économie compte tenu des nombreuses répercutions provoquées souvent en chaine.

C’est ainsi que beaucoup de problèmes ne peuvent jamais être réglés, car comme disait quelqu’un autrefois il faut savoir donner du temps au temps. Il faut laisser aux gens et à l’économie un temps d’adaptation pour éviter les pénalisations financières brutales des décisions que l’on veut prendre, faute de quoi celles-ci sont parfois inefficaces et sont toujours combattues et paralysées par les lobbies.

C’est le cas par exemple des réformes relatives aux retraites, à l’augmentation du nombre de taxis Parisiens ou à la suppression des moteurs diesel polluants… qui si elles étaient programmées à long terme,  permettraient d'éviter de pénaliser injustement les personnes et les entreprises concernées qui auraient alors le temps de s’adapter !

Mais prendre des mesures à long terme nécessite du courage politique. Celui d’accepter pour le bien de son pays de n’être pas réélu à l’issue de son mandat et de voir ses adversaires tirer les marrons du feu !