mercredi 12 juillet 2017

La résistible réduction des dépenses publiques



Nous y revoilà ! Tout le monde en parle aujourd’hui pour faire des économies mais personne ne sait comment faire. Les gouvernements précédents ont déjà bien passé le rabot en réduisant les crédits de tous les Ministères avec l’opposition générale des intéressés, hostiles aux changements, et des usagers qui dénoncent une réduction du Service Public !

Et pourtant nous n ‘avons pas le choix car ces dépenses, qui pèsent lourd sur notre économie, sont en proportion parmi les plus importantes de tout le monde occidental car nos services publics ont un sérieux problème de productivité! Dans l’urgence, pour boucler le budget de l’année, le gouvernement a besoin de 4,5 milliards afin de tenir l’objectif de déficit de 3%. Il va sans doute les trouver, avec difficulté, et sans doute des acrobaties ou reports budgétaires, mais il devra aller beaucoup plus loin s'il veut redresser notre économie !

Il y a deux moyens pour réduire ces dépenses : réduire les services, mais ce n’est pas l’objectif retenu actuellement bien qu'il faudrait sans doute redéfinir ce que devrait être le rôle de l'Etat et ce qui pourrait être privatisé.  Ou bien faire des améliorations de productivité mais les hommes politiques sont incapables de les faire, soit par manque de compétence administrative, soit par manque de courage, soit par manque de temps, car ils ne travaillent que dans le court terme sauf lorsqu’il s’agit de fixer des objectifs à très long terme qui ne les engagent pas !

Chaque fois qu'ils procèdent a une réorganisation de l'Etat, ils augmentent nos dépenses publiques. C'est le cas des décentralisations ou les moyens sont conservés par l'Etat et les collectivités sont obligées de recruter pour traiter leurs nouvelles activités! Mais c'est aussi le cas des centralisations, la création des communautés de communes par exemple qui a directement amené la création de moyens supplémentaires! Sans parler de la réforme récente des régions! Aucun objectif de réduction et de contrôle de coûts n'étant jamais fixé dans ces réorganisations!

On ne peut pas non plus compter sur les administrations elles-mêmes pour faire ces gains de productivité, car, de l’employé de base aux Directeurs généraux, tous vont vouloir rester dans leur routine de travail et freiner des quatre fers pour lutter contre les changements et conserver leurs avantages acquis! Et chaque fois que l'on parle de réduction d'effectifs, nos fonctionnaires mettent en avant les postes opérationnels (infirmières, militaires, policiers, professeurs) pour montrer qu'il faut au contraire les augmenter, alors que c'est à la machine administrative, à tous les postes fonctionnels et aux méthodes de travail qu'il faut s'attaquer!

C'est un paradoxe de constater que la productivité de notre Administration soit aussi faible, comparée à celle de nos voisins, dans un pays où l'école la plus prestigieuse est en fait l'ENA, Ecole Nationale d'Administration! Il est vrai que la formation administrative à Strasbourg de cette école ne dure en fait  qu'une seule année scolaire, avec des stages très variables ici ou
là!

Il apparaît donc nécessaire de faire appel à une intervention extérieure et confier à des professionnels de l’organisation un grand chantier de refonte de nos administrations, comme cela se fait couramment dans les entreprises qui veulent se moderniser et réduire leurs coûts, soit parce qu’elles  n’ont pas les ressources ou les compétences nécessaires pour le faire en interne, ou soit parce qu‘elles font admettre plus facilement les changements proposés par un organisme extérieur non partisan.

Ces cabinets d'organisation auraient pour tâches les aspects suivants :

-        -Analyser le fonctionnement des divers services, leurs anomalies et leurs dysfonctionnements, critiquer leur bien fondé, éliminer les tâches inutiles et les doublons, faire une revue générale de tous les effectifs de la fonction publique.
-        -Etudier et demander à modifier et à améliorer toutes les réglementations et procédures administratives, et même les lois, les «usines à gaz » en particulier, qui entraînent des dépenses  importantes, sans pour autant présenter un caractère majeur ou indispensable. Simplifier notre système fiscal et éliminer en particulier les impôts dont la collecte coûte trop cher par rapport à leur recette.
-        -Définir une nouvelle organisation fonctionnelle de toutes les administrations nationales et territoriales et proposer une liste de fonctions et de services qui peuvent avantageusement être confiés au secteur privé.
        Recommander l’utilisation des technologies modernes de communication dans la plupart des services.
-        -Redéfinir les rapports entre les Services Publics et leurs usagers par l’utilisation d’internet, en créant des points d’aide pour les personnes non converties au numérique (dans l'esprit des écrivains publics d’autrefois).
-        -Redéfinir les descriptions de fonction des personnels dans toute la hiérarchie de la fonction publique.

Un tel chantier est énorme, mais serait très payant. Il pourrait être ouvert progressivement, et à titre expérimental, en commençant par les Ministères les plus budgétivores, ceux où les améliorations de productivité peuvent apporter les gains les plus importants  (Education, Défense..) ce qui permettrait en même temps de tester l'efficacité des intervenants extérieurs. Il ferait alors école dans les autres Ministères que l’émulation pousserait à anticiper une réforme interne ! Il ne s’agit pas de réduire les services publics, mais de les rendre plus productifs par des réformes structurelles dont les hommes politiques nous parlent sans jamais les faire !

Les réformes proposées nécessiteraient sans doute le remplacement des grands Directeurs d’administrations qui auraient la tentation de leur résister ou seraient incompétents pour les mener à bien. Cette idée a d’ailleurs été évoquée récemment par notre nouveau Président Emmanuel Macron !

Avec ces chantiers qui déboucheraient sur des recommandations d’effectifs pour tous les Ministères et collectivités, les hommes politiques au pouvoir pourraient alors enfin sérieusement se fixer des objectifs sérieux de réduction de dépenses ainsi que du nombre de fonctionnaires, et renoncer à  leurs propos aveugles et peu responsables d'aujourd’hui !



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