jeudi 22 octobre 2009

Le piège Afghan

Barak Obama a une charge colossale sur les épaules. Après des années pendant lesquelles la puissance Américaine a souvent fait la démonstration de son incompréhension du monde et de son aveuglement, le monde entier retient son souffle : voici enfin un Président Américain qui semble prêt à changer notre monde et à établir des relations sereines avec tous les peuples. C’est aujourd’hui le devoir de tous les pays de l’encourager, de l’aider, car les obstacles à cette nouvelle politique sont innombrables.

La France qui en d’autres temps a pris des positions courageuses et tenté de dissuader les Etats-Unis de commettre de graves erreurs (même sans être malheureusement écoutée comme pour la guerre en Irak par exemple) se doit de conforter cette nouvelle politique Américaine. Mais la supporter inconditionnellement comme c’est le cas en ce moment est une erreur. Nous devons faire valoir notre point de vue, en fonction de notre culture, de notre expérience et de notre vision du monde, quitte à déplaire comme dans le passé. Mais avons-nous encore aujourd’hui des leaders ayant assez de discernement et de cran pour résister, à une époque où nous sommes passés de l’esprit d’indépendance à la politique d’alignement ?

Le problème créé par l’Occident en Irak n’est pas résolu et ne le sera pas de sitôt, mais le monde occidental se focalise maintenant sur l’Afghanistan qui devient un nouveau bourbier comme le fut le Viet Nam. Plusieurs leçons devraient être méditées par tous nos décideurs politiques : Il n’y a pas dans l’histoire moderne d’exemple où une occupation militaire d’un pays ait réussit et ne se termine pas très mal. La France le sait puisqu’elle a été dans son histoire à la fois puissance occupante (Algérie) et puissance occupée (par les Nazis). C’est en vertu de cette expérience que nous nous sommes opposés à la guerre en Irak.

L’occupation de l’Irak s’est poursuivie dans un climat de terrorisme toujours actuel, mais avec une relative adhésion postérieure de la majorité des habitants, Shites et Sunites qui malheureusement ne s’entendront jamais entre eux, mais dont les leaders tentent malgré tout de trouver des consensus, même s’ils attendent que « les uns aient un jour la peau des autres » !

En Afghanistan, le problème est beaucoup plus complexe puisque les Talibans, terroristes dont nous voulons débarrasser le pays sont chez eux et font de plus en plus d’adeptes parmi les habitants grâce à leurs succès et à nos erreurs. On peut réellement se demander si les Afghans que nous portons nous-mêmes au pouvoir, plus ou moins démocratiquement, représentent véritablement toujours le pays.

Nous n’avons pas encore compris que l’on ne combat pas une idéologie avec des canons ! Pourtant, l’exemple du communisme est là pour nous rappeler que toutes nos guerres n’en sont jamais venu à bout malgré leurs innombrables victimes. Il est tombé un jour comme un fruit mur après que ses victimes aient réalisé que les menaces sur leur sécurité étaient vaines et qu’ils pouvaient alors accéder à une vie meilleure que les supercheries idéologiques ne pouvaient plus leur dissimuler.

Pour progresser dans notre conflit en Afghanistan, point n’est besoin de faire une énième réunion de l’OTAN pour décider d’envoyer davantage de troupes ! Il faut changer de stratégie et choisir de montrer aux habitants qu’on leur prépare une autre vie, en construisant des écoles, des hôpitaux, des habitations. Il faut convaincre les femmes qu’elles peuvent abandonner leur Burka, sans craindre que les Talibans ne reviennent au pouvoir. Il faut former des cadres pour le pays et les aider à développer des activités économiques, et surtout arrêter les cultures de pavots qui financent nos adversaires.

Si nous y parvenions, bien plus que nos considérations de démocratie et de droits de l’homme, cela constituerait une preuve magnifique de la confiance que nous avons dans la supériorité de notre civilisation. La vendre par ses mérites serait quand même plus moral et plus facile que de l’imposer par nos canons ! Nous pourrions alors utiliser nos troupes pour protéger les nouveaux investissements, quitte à limiter provisoirement notre zone d’occupation du pays.

Pourquoi la France ne prendrait-elle pas cette position aujourd’hui dès lors qu’elle va probablement renâcler à envoyer d’autres troupes à Kaboul ? C’est la contribution que nos dirigeants pourraient apporter au Président Obama et c’est notre seule chance de réussir en Afghanistan. Si nous ne faisons pas cela, notre intervention militaire qui piétine depuis déjà 8 ans se terminera par un fiasco et il faudrait mieux retirer nos troupes immédiatement.

22 0ctobre 2009

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