vendredi 22 mars 2019

Quand le Législatif prend la peau du Judiciaire pour se payer l'Exécutif.


Le Sénat vient de se distinguer en remettant à la justice un dossier d’accusation de trois membres de l’entourage du Président de la République dans le cadre de l’affaire Benalla. En agissant ainsi, il met le doute dans certains esprits et vient de donner des arguments à ceux qui militent pour sa disparition!

Bien sûr il est dans son rôle de contrôle de l’Etat et de contre pouvoir au gouvernement tel que le définit la Constitution. Mais en menaçant ainsi le pouvoir exécutif au moment ou celui-ci fait face à plusieurs crises importantes dans les domaines sociaux, économiques et politiques, il risque de le déstabiliser et de le discréditer durablement rendant ainsi un très mauvais service à notre pays !

En effet jouer ainsi avec le feu pour des affaires qui n’ont pas un caractère de grande gravité, ne passionnent absolument pas les Français, qui en ont un peu marre de cette affaire Benalla aux trop nombreux rebondissements !

On a l’impression que notre Sénat,  contesté par certains dans son existence,  s’est emparé de ces affaires pour justifier celle-ci, utilisant de plus une médiatisation à outrance de ses auditions de la commission d’enquête, complaisamment  diffusées par les médias, et qui ont montré le grand décalage entre les préoccupations des Sénateurs et celles de leurs compatriotes. Il se peut que cette action soit très  contreproductive dans l’esprit des Français.

Certes, l’opinion publique est partagée sur cette action. Cela veut dire que, comme à l’habitude, les partisans de l’opposition applaudissent et ceux de la majorité crient au scandale. Où se cache donc l’objectivité ?

Mais certains mauvais esprits voient aussi dans cette attitude agressive du Sénat, la possibilité d’un règlement de comptes. En effet une réforme constitutionnelle doit être votée au Parlement pour appliquer les promesses du candidat Macron, avec en particulier la réduction du nombre de nos Parlementaires et Sénateurs.

Le Sénat est naturellement vent debout contre cette réforme car nos brillants Sénateurs n’ont pas du tout envie de se faire hara kiri ! Gérard Larcher, leur Président, s’est à plusieurs reprises opposé au pouvoir exécutif et la réforme, très symbolique et supportée par la majorité des Français, peut difficilement aujourd'hui avoir la majorité requise pour être votée au Congrès !

L’affaire Benalla (version Sénat)  est désormais entre les mains du Parquet, qui peut fort bien décider de la classer purement et simplement. Même si des imprudences ont été commises par des collaborateurs de haut niveau du Chef de l’Etat, cela apparaitrait comme une bonne décision dans l’intérêt réel de notre pays.

La France a besoin du Sénat, mais celui-ci pourrait faire la preuve de son utilité par d’autres moyens que cette insignifiante guéguerre avec le pouvoir exécutif. Il faudrait aussi peut être revoir ses prérogatives pour lui faire jouer un rôle plus important dans notre République, à l'image par exemple de ce qui existe aux Etats Unis.

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