mardi 11 mai 2021

Importante réforme de l'ENA: Macron change son nom


Dans sa campagne électorale, Emmanuel Macron avait promis de réformer notre Administration. Force est de constater que pendant ces 4 années il n’a absolument rien fait en ce sens, alors aujourd’hui il veut réformer l’Ecole Nationale d’Administration !!

 Il faut certainement réformer cette école qui suscite bien des critiques depuis longtemps, mais la réforme envisagée nous laisse quelque peu perplexes !

 

Que penser de l’ENA aujourd’hui ? D’abord cette école a été fondée en 1945 pour former les grands cadres administratifs dont la France avait besoin après la guerre pour réorganiser l’Etat et l’on peut admettre que le résultat fut acquis. Mais elle a été victime de son succès et a développé bien des effets négatifs.

D’abord le prestige organisé de l’école a attiré les jeunes les plus brillants assurés de faire une très bonne carrière, très bien rémunérée, avec la sécurité d'emploi ! La sélection inévitable l’a conduite à recruter ces jeunes gens parmi les plus intelligents et l’on peut se poser la question s’il était raisonnable d’orienter ceux-ci dans des fonctions administratives au détriment d’activités plus enrichissantes pour l’économie du pays comme l’industrie, la recherche et l'innovation!

 

Ensuite, la formation, très courte dans cette école n’ouvre pas assez l’éventail des connaissances et des points de vue, mais au contraire façonne dans un moule la pensée et le raisonnement de ses élèves. Les valeurs et les idées inculquées sont en effet rarement contredites par les uns et les autres, et nos futurs cadres, qui sont amenés à monopoliser un grand nombre de postes de l’Administration ou des gouvernements, ont fâcheusement tendance à développer une pensée unique qui conduit trop souvent à un manque de réalisme devant les problèmes qu’ils ont à résoudre, puisqu’ils ont peu de contradiction.

 

Les Énarques sont donc en général plus qualifiés pour faire tourner des organisations ou des administrations existantes que pour les créer, les faire évoluer ou les moderniser pour les adapter aux nouvelles situations. En conséquence ils constituent en général un frein puissant aux réformes que souhaitent entreprendre certains hommes politiques au pouvoir. On retrouve ces mêmes défauts chez ceux qui décident de s’orienter vers l’industrie où le manque de pragmatisme et d’esprit d’entreprise leur font souvent défaut !

 

Enfin, la solidarité des anciens de cette école s’organise en une véritable mafia qui vise à accaparer le plus de postes importants possibles pour rester dans l’entre-soi ! Il est remarquable de noter qu’il existe à l'ENA une organisation qui prend en charge les anciens ayant échoué dans leurs fonctions, afin de les « recaser » dans de nouvelles fonctions importantes, où ils vont pouvoir continuer librement d’exploiter leur incompétence !

 

La réforme Macron porte essentiellement sur deux points.
D’abord changer le nom de l’ENA qui devient l’ISP ou Institut du Service Public ! Ceci ne changera rien, l’école restera à Strasbourg avec sans doute les mêmes programmes. C’est le côté cosmétique de la réforme ! 


Le deuxième point est plus intéressant, mais n’aura aucun effet. Notre Président veut diversifier le recrutement en facilitant l’accès de son institut aux classes défavorisées pour que celles-ci soient représentées à la tête de l’État. Ce volet démagogique, va en fait conduire à façonner de la même façon l’esprit de ces nouvelles recrues qui seront formées dans le même moule et auront ensuite les mêmes façons de penser que les autres élèves ! 

 

Ce n’est pas l’accès à l’école qu’il faut ouvrir, mais au contraire l’accès aux postes de responsabilités à des gens de formations diverses : médecins, juristes, ingénieurs, entrepreneurs, commerciaux etc… qui peuvent acquérir très rapidement la courte formation administrative donnée actuellement par l’ENA ! Ceci aurait pour avantage essentiel de casser cette caste d’école, à la pensée unique, qui bloque bien des décisions dans le pays et apporte peu de progrès !

 

Une autre réforme utile de l'Administration serait de supprimer la sécurité d’emploi pour les hautes fonctions, pour ne récompenser que le mérite et la réussite, mais ça c’est une autre histoire à laquelle  les hommes politiques, toujours sous l'emprise du copinage, n’ont en général pas la capacité ni la volonté de s’attaquer !

 

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