mardi 6 août 2019

Démocratie à l’Anglaise


Nos amis anglais ont une pratique de la démocratie qui peut étonner. Le Brexit en donne une bonne illustration.

D’abord un premier Ministre (Cameron) s’engage, lors d'une campagne électorale, à organiser un referendum sur la sortie de son pays de la communauté Européenne (Brexit), dans le seul et unique but de se faire réélire. Une fois élu il tient sa promesse mais son parti et lui-même font alors campagne pour que leurs compatriotes refusent cette sortie ! Curieux ! Ayant été désavoué par le vote, ce Ministre démissionne.  Boris Johnson qui a fait, lui,  campagne pour le Brexit,  se défile alors et refuse de le remplacer comme Premier Ministre.

C’est Theresa May, qui provient du même parti conservateur, qui le remplace et est chargée d’organiser la sortie, alors qu’elle y était personnellement opposée ! Les négociations avec l’Europe sont difficiles et pour conforter sa position, elle organise de nouvelles élections législatives. Son parti les perd et elle voit sa position affaiblie. Elle réussit néanmoins à créer une coalition avec le parti Unioniste Irlandais. Elle poursuit alors ses négociations avec beaucoup de courage et présente plus tard l’accord qu’elle a négocié avec l’Europe pour approbation au Parlement, qui le refuse !

Les Européens étant inflexibles sur les termes de l’accord négocié, Theresa May représente trois fois de suite le même texte au Parlement après diverses tentatives de négociations avec les élus  de l’opposition, qui le refuse à chaque fois ! Le Parlement en effet a du mal à trouver une majorité car il est partagé entre trois groupes d'opinions:  les Brexiteurs avec accord, les Brexiteurs sans accord contraignant et les anti Brexiteurs, trois groupes incapables de faire une majorité pour voter un texte.

Entre temps un vote est proposé pour l’organisation d’un nouveau referendum populaire éventuel sur le Brexit, qui est refusé par le Parlement ! Celui-ci  dénie donc ainsi au peuple britannique, qui avait voté le Brexit avec une faible majorité sur la base des informations mensongères avérées, le droit de se prononcer une deuxième fois, alors que lui-même se prononce quatre fois sur le même texte !

Aucun accord n’ayant été trouvé avec l’Europe, les Anglais repoussent de 6 mois leur sortie. Pendant cette période ils doivent élire des représentants au nouveau Parlement Européen. Le Parti conservateur de Theresa May subit une lourde défaite et n’obtient que 10% des suffrages populaires. Mais c’est ce parti, maintenant très minoritaire dans l’opinion, qui poursuit les discussions avec l’Europe!

Devant l'attitude de ses parlementaires, Theresa May finit par jeter l’éponge. Un nouveau Premier Ministre doit la remplacer. Boris Johnson, cette fois candidat, est élu chef du Parti Conservateur par les militants. Il va devenir automatiquement le Premier Ministre nommé par 160.000 militants d’un parti qui vient de ne faire que 10% lors d’élections nationales et qui n’a pas de manière évidente de majorité parmi les élus de la coalition sensée le supporter !

Une élection partielle vient d'ailleurs de réduire sa majorité à une voix, majorité composée, de plus, de 10 députés Unionistes Irlandais qui risquent fort de ne pas accepter sa détermination de sortir brutalement de l’Europe, s’il le faut sans accord, ce qui diviserait l’Irlande entre sa partie Nord et la République du sud. Et le Parlement s'est d'autre part déjà prononcé contre une sortie sans accord!  Good luck pour Boris Johnson qui va devoir bientôt terminer son numéro de clown et mettre les mains dans le cambouis, si toutefois sa majorité lui en laisse le temps!
                         
L’histoire jugera ces responsables du parti conservateur britannique qui n'ont pas révélé de grandes qualités d'homme d'Etat. Ils ont manqué de jugement ou de courage, pour des raisons simplement personnelles ou partisanes, afin de régler ce problème sereinement en faisant davantage participer leur peuple dont ils jouent l'avenir. 

Ce jugement sera particulièrement sévère si le Brexit s’avère être un fiasco pour l’économie et s'il a un jour pour conséquences des sécessions au sein du Royaume Uni ! Il faudra en particulier que ces responsables politiques expliquent pourquoi ils se sont entêtés à défendre leurs intérêts plutôt que de redonner la parole au peuple Britannique!

En attendant nos amis Anglais nous donnent pour l'instant une bien curieuse version de démocratie.


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