vendredi 26 novembre 2021

États-Unis - Russie : La morale de la paille et de la poutre


 Le monde occidental critique fréquemment la Russie pour ses actions ou exactions, et très souvent avec juste raison. Mais nos critiques sont-elles toujours objectives ? Nous devons nous poser cette question car nous savons, d’abord que nous réagissons en général sous l’influence des États Unis qui ont délibérément choisi la Russie comme ennemi pour assurer leur suprématie dans le monde, et que toutes les occasions sont bonnes pour la critiquer. 

 

Ensuite parce que nos critiques ne peuvent être vraiment crédibles que si nous n’avons pas nous-mêmes des choses à nous reprocher !

 

Pour répondre à ces questions en faisant preuve d'objectivité, essayons de nous mettre dans la peau d’un jeune Russe, que nous appellerons Boris, pour essayer de comprendre le regard qu’il peut bien jeter sur les pays occidentaux, Europe et États-Unis, à travers quelques exemples.


D'abord il trouve étrange que le mérite d'avoir sauvé l'Europe de l'occupation Nazie à l'issue de la deuxième guerre mondiale, revienne exclusivement aux Etats Unis et leurs alliés , alors que c'est son pays qui a détruit  une très grande part!e de l'armée allemande moyennant la perte de 20 millions d'hommes et de femmes ! 

 

Il y a trente ans, lors de la chute de l’URSS, de nombreux Russes croyaient à l’arrivée pour eux d’un monde meilleur, beaucoup plus ouvert vers l’extérieur. Les Occidentaux auraient pu alors leur tendre la main pour établir les conditions de la paix. Ils ont fait délibérément le contraire. 


La première réaction des États Unis a été alors de tout faire pour les diaboliser et les tenir à l’écart de la communauté européenne, avec l'intention manifeste de confirmer ainsi au monde entier que la Russie était toujours leur ennemi ! Pourquoi les Américains voulaient-ils à l'époque, mais encore aujourd'hui,  installer des missiles près de la Russie alors qu'autrefois ils avaient trouvé intolérable que les Russes installent leurs missiles à Cuba, près de chez eux !

 

Boris a vu il y a vingt ans, les États Unis mener cette guerre stupide et injustifiée en Irak qui a fait des centaines de milliers de victimes. Motivée par des considérations morales et sécuritaires, cette guerre a été décidée en fabricant des mensonges d’état sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Pire encore elle a conduit à la création de l’organisation terroriste Daech par les militaires Irakiens que les Américains n’ont pas su gérer, et qui est encore aujourd’hui une vraie menace pour de nombreux pays ! Les Occidentaux ont créé Daech !!

 

Il ne comprend pas bien la stratégie des Américains qui ont soutenu les Talibans pour battre et chasser les troupes militaires de son pays, et qui ensuite les ont combattus après que ceux-ci aient fomenté avec Ben Laden les attentats de New York !

 

Il nous a vus d’autre part déstabiliser des pays arabes comme l’Irak avec cette guerre stupide, la Syrie en encourageant la rébellion et sans venir à bout de Bachar El Assad, la Libye en y semant le chaos pour éliminer Khadafi, l’Afghanistan dont nous sommes partis dans le désordre en désespérant son peuple, sans parler des Kurdes que nous avons trahis après qu’ils nous aient rendus de très grands services dans la lutte contre Daech. Nous avons ainsi obligé toutes ces populations à quitter leur pays. Boris peut penser qu’en fait c’est nous qui avons vraiment créé tous ces immigrés dont nous nous  plaignons tant aujourd’hui parce qu'ils viennent se réfugier chez nous !

 

Nous avons violemment protesté contre la violation du droit international lors de l’annexion de la Crimée, territoire russe il y a peu, et avec l’accord de ses habitants consultés par referendum ! Notre jeune Russe a du mal à comprendre pourquoi nous avons pour cela infligé des sanctions à son pays alors qu’en même temps nous acceptons tacitement que l’Etat d’Israel, de notre camp occidental, annexe tous les jours contre leur gré les territoires des Palestiniens, territoires qui ne lui ont jamais appartenus ! 


Il s’étonne aussi qu’un Président des Etats Unis ne se soit pas gêné récemment pour pour renier les accords internationaux que son pays avait signé, avec l’Europe et la Russie, notamment sur l’Iran et l’arme nucléaire, sur les armes balistiques et sur la lutte pour le climat !

 

Il écoute avec intérêt les leçons de démocratie que les États-Unis, qui se prétendent un modèle en la matière, donnent volontiers à toute la planète, car après tout il sait qu’il vit dans un pays où la démocratie est très récente et encore balbutiante. Mais il ne comprend pas pourquoi les Américains ont accusé Poutine d’avoir fait élire leur Président Trump !!  Ni pourquoi celui-ci a plus tard  accusé son pays de tricherie lorsqu’il fut battu dans sa tentative de réélection. Qu’est-ce donc que cette démocratie, peut-il se demander ?

 

Boris est surpris et en même temps sans doute amusé de voir la façon dont les États Unis traitent leurs chers alliés, quand il constate parfois l’absence de concertation entre eux, comme dans le récent retrait cafouilleux des troupes d’Afghanistan, la violation de souveraineté au Pakistan pour exécuter Ben Laden, ou encore la gifle donnée à la France dans l’affaire des sous-marins australiens ! 

 

Et aux accusations de racisme parfois proférées à l’encontre de son pays, il ne peut s’empêcher de considérer la façon dont le peuple américain traite chez lui les citoyens d’origine africaine et de se demander en plus s’il est acceptable de recevoir des leçons d’un pays qui  s’est construit sur le massacre des indiens et l’esclavage des noirs !

 

Boris qui sait que son pays a aussi ses problèmes, mais qu'il n'est pas le seul pour mériter toutes ces accusations. Il doit se dire qu'après tout  les peuples ont tous un passif à se reprocher, qu’il n’y a dans ce monde ni bon ni méchant pays, mais que chacun défend des intérêts en agissant en fonction de sa culture, de ses principes, de ses aspirations, de son stade d’évolution dans l’histoire ou de son isolement !

 

Il peut en conclure que si les peuples voulaient vraiment s’entendre et faire de la paix une priorité sur la défense d’intérêts matériels, essayer d’oublier leurs différences et de tendre la main à tous pour éviter d’amener ou encourager les uns et les autres à commettre des exactions, ils prépareraient ainsi les conditions de la paix pour les futures générations.

 

Mais on peut répondre à Boris que nous ne sommes malheureusement vraiment pas sur cette voie-là au moment où les États unis nous mettent maintenant au contraire en perspective un futur conflit dans l’Océan Pacifique avec la Chine ! En prévision de ce conflit latent, il serait d’ailleurs stratégiquement plus intelligent pour les Américains de laisser l’Europe se rapprocher de la Russie, pour isoler davantage ce nouvel ennemi asiatique ! Mais cela parait bien impossible du fait de leur attitude impérialiste et maintenant viscéralement antirusse !

 

 

 

 

 

 

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