La réunion de l’OTAN s’est conclue sur une exigence formulée par Donald Trump pour que les partenaires de cette organisation relèvent leur budget de défense au niveau de 5% de leur PIB. Les Européens dans leur ensemble et dans leur grande naïveté ont naturellement acquiescé, sans comprendre que le but des États Unis est avant tout de s’ouvrir de nouveaux marchés pour leur vente d’armements, leurs F35 en particulier, qu’ils savent facilement imposer !
Faut-il augmenter ces budgets ? Probablement et pour deux raisons. D’abord le désengagement voulu par les Américains qui jusqu’ici ont assuré une grande partie de l’effort de défense en Europe. Ensuite car il ne faut pas négliger la menace potentielle que représentera plus tard la Russie avec ses nouveaux armements et quand elle se sortira du bourbier actuel ukrainien.
Mais la question est : de quels moyens les pays européens ont-ils besoin ? Les réponses sont très variables. D’abord parce qu'ils n’ont pas la même exposition aux menaces russes. Il est clair que les pays de l’est sont beaucoup plus concernés que leurs partenaires de l’ouest, et que par conséquence leurs besoins sont fatalement différents.
La création d’une défense commune européenne, dont tout le monde parle, n’a donc pas de sens, sans une transformation profonde de l’Europe dans laquelle l’intérêt commun aura priorité sur les intérêts individuels des pays, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Si nous n’avançons pas vers une fédéralisation des pays européens, malgré tous les discours et les bonnes intentions, une défense commune vraiment contraignante et efficace n’a aucune chance de voir le jour !
La France a fait autrefois le choix d’investir dans la force de frappe qu’est la dissuasion. On justifiait alors ce choix pour des raisons certes d’efficacité, mais aussi d’économie car on minimisait ainsi le coût d'investissement dans nos moyens conventionnels. Notre problématique aujourd’hui n’est donc absolument pas la même que celle de l’ensemble de nos partenaires !
La guerre en Ukraine nous a appris beaucoup, en particulier que des matériels très sophistiqués, comme nos plus modernes et nos plus coûteux chars d’assaut et avions de chasse, son facilement anéantis par des drones ou missiles d’un coût inférieur de plusieurs centaines de fois. Faut-il continuer à investir dans ces moyens ? Que seront les guerres dans 10 ou 20 ans ?
Enfin quels que soient les moyens retenus pour assurer notre défense, serons-nous capables de les produire en Europe, pour développer nos industries, ou bien allons-nous toujours continuer de nous les procurer, en ordre dispersé, aux États Unis ?
Voilà beaucoup de questions auxquelles il faut apporter des réponses avant de décider comment et de combien augmenter les budgets de défense en Europe ! Des drones à vingt balles aux missiles nucléaires, le choix des moyens n’a jamais été aussi vaste !