lundi 1 juin 2020

La réforme de la Santé



Le gouvernement veut entreprendre une grande réforme de la Santé, c’est une excellente idée, très d’actualité, mais on peut douter de l'efficacité pour deux raisons : d’abord on ne fait jamais rien de bien en travaillant dans l’urgence, et ensuite parce que les concertations menées vont concerner essentiellement les professionnels, dont la participation est légitime, mais n’est pas une garantie que tous les sujets seront abordés et toutes les analyses en profondeur effectuées!

On peut craindre en effet que les discussions soient noyées dans un ensemble de revendications partisanes venant de tous les participants, mais que personne n’élève le débat et ne soulève les problèmes de fond de notre système de Santé qui sont très complexes et dont les solutions souhaitables peuvent fatalement déplaire aux uns et aux autres.

La première question à se poser est de comprendre pourquoi, alors que nous sommes à égalité avec l’Allemagne pour l’importance des sommes consacrées à la Santé par rapport à nos PNB, nos soignants sont beaucoup moins bien rémunérés et nos hôpitaux  beaucoup moins bien équipés !

Pourquoi l’Allemagne avec des ressources comparables aux nôtres, a-t-elle beaucoup mieux géré la  crise du COVID19 avec beaucoup moins de victimes que dans notre pays ? Aurons nous des experts pour analyser et expliquer objectivement les raisons  de ce paradoxe ?

Cette question est maintenant primordiale pour les Français qui souhaitent une réponse avant que ne soit entreprise la moindre réforme ! Ils veulent en effet comprendre comment leur argent est utilisé !  Cette question sera-t-elle abordée lors du « Ségur de la Santé  » ? 

On peut en douter !  Mais si l’on n’aborde pas cet aspect de la gestion de notre système, si l’on ne procède pas à un examen critique de notre bureaucratie hospitalière, des organisations en place et des contraintes administratives en tous genres qui devraient être repensées, aucun moyen de financement interne ne pourra être dégagé, aucune ressource existante ne pourra être réaffectée et nous allons simplement saupoudrer de nouveaux crédits pour satisfaire, ou calmer, les revendications des uns et des autres.

Et les Français, qui ont beaucoup appris pendant cette épidémie de coronavirus, sur la quantité d’argent qu'ils consacrent à leur Santé, ne comprendront plus les criailleries des personnels hospitaliers, mandarins en tête, sur leur manque de moyens !

Il y a des mesures d’urgence qui peuvent être prises immédiatement car elles n’obèrent pas l’avenir, comme par exemple le relèvement des rémunérations des personnels, exclusivement les soignants, dont les niveaux sont actuellement parmi les plus bas de l’OCDE, ainsi que la réaffectation de certains lits d'hôpitaux et surtout la sécurisation de nos approvisionnements en équipements et produits médicaux.

Mais si on ne s’attaque pas immédiatement à la réorganisation et à la gestion de l’ensemble de nos systèmes de santé : hôpitaux publics et privés, médecine libérale, recherche… , réformes à plus long terme, alors nous nous contenterons de faire les quelques replâtrages habituels qui vont encore peser sur l’économie de notre pays, et sans régler les problèmes de fond !


Les Français se disaient fiers de leur système de santé, sans d’ailleurs bien comprendre s’ils parlaient de là qualité des soins pratiqués ou de leur prise en charge financière. Ils ont maintenant bien assimilé  la différence et vont suivre attentivement les discussions sur la réforme qui sera décidée pour leur pays !

Pourquoi ne pas faire participer des représentants des contribuables dans les discussions ? Après tout ce sont eux qui financent intégralement le système de santé, et leur avis compte donc autant que celui des professionnels, et ils pourraient certainement poser de bonnes questions que ceux-ci, avec ou sans la complicité des responsables politiques et administratifs, vont omettre de se poser !

Les participants aux discussions pourraient aussi, très utilement, auditionner des experts des systèmes de santé de nos voisins les plus performants, afin de comprendre ce qui ne fonctionne pas chez nous. Le coronavirus a fait tomber notre système de soins du piédestal sur lequel nous l'avions installé, c'est le moment d'essayer d'apprendre et de tirer profit  de l'expérience des autres pays!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ami lecteur, vos commentaires seront pour nous très précieux.