mercredi 9 décembre 2009

Décevante Amérique

L’élection du Président Obama a soulevé dans le monde entier un immense espoir, confirmé ensuite par ses premiers discours lorsqu’il a pris ses fonctions. Un Président Américain d’origine Africaine, né au milieu de l’Océan Pacifique, qui a passé une partie de sa vie en Indonésie devait avoir l’ouverture d’esprit pour comprendre le monde, établir des bonnes relations avec tous les pays et ses alliés en particulier.

Hélas la déclaration qu’il vient de faire sur un renforcement de l’action militaire en Afghanistan, lui mérite un vrai carton jaune. Ce n’est pas l’envoi de renforts que l’on peut lui reprocher, c’est peut être nécessaire pour aider les troupes déjà présentes dans le pays et qui se déploient dans des conditions très difficiles, mais la préparation de cette décision.

D’abord, une fois de plus l’Amérique décide toute seule de l’action à mener, et se retourne ensuite vers ses alliés de l’OTAN, pour leur demander de l’aider en ne leur laissant que le choix entre l’allégeance ou l’affrontement. Le grand changement aurait été que le Président des Etats-Unis réunisse ses alliés d’abord pour discuter du problème, prendre leur conseil et décider avec eux de la stratégie et des actions à entreprendre. Associer ses Alliés à une telle décision était quand même une chose élémentaire et aurait été le meilleur moyen d’avoir ensuite leur adhésion !

Les Français ont toujours été agacés dans le passé par cette attitude méprisante de l’administration Américaine et ils vont sans doute être une fois de plus taxés d’antiaméricanisme primaire, car ils sont dans leur majorité opposés à l’envoi de troupes, sans préjuger bien sûr de ce que décidera leur gouvernement.

Et puis augmenter nos moyens, cela représente une escalade vaine, si aucune stratégie nouvelle n’est définie. Le point le plus important est naturellement de gagner la confiance de la population locale dans ce que nous faisons en Afghanistan. D’abord en mettant au pouvoir un gouvernement en qui les Afghans se reconnaissent et en qui ils ont confiance. Ce n’est pas le cas actuellement ou les leaders ont peine à s’imposer (Monsieur Karzai est tout au plus le maire de Kaboul) et sont malheureusement souvent incompétents et accusés de corruption ! Ensuite en montrant concrètement ce que l’Occident peut leur apporter pour améliorer leur sécurité et leur qualité de vie. Cela devrait se faire en investissant dans les infrastructures du pays (routes, écoles, hopitaux…) en créant des entreprises qui fournissent du travail aux jeunes en particulier, et en formant des élites et des forces de l’ordre responsables.

Si nous ne redéfinissons pas une telle stratégie, et poursuivons les mêmes erreurs, les Afghans vont de plus en plus se tourner vers les Talibans. Par crainte d’abord, par ressentiment ensuite, parfois provoqué par nos malheureuses bavures sur les populations civiles, et tout simplement parce qu’ils savent ce qui se passera quand nous partirons.

A ce sujet, l’annonce par Obama d’un retrait de nos troupes à la mi 2001 est un désastre. Elle a sans doute été faite pour calmer l’opinion publique Américaine. Mais comment cette décision peut-elle amener les Afghans à avoir confiance en nous. Les Talibans peuvent bien rire et se dire qu’ils peuvent lever le pied pendant 18 mois tout en avertissant les populations de leur retour programmé. Prétexter d’autre part que cette annonce a pour but de mettre la pression sur le gouvernement Afghan pour qu’il prenne les choses en mains, est ridicule et incohérent lorsqu'on rappelle à longueur de discours que nous sommes en Afghanistan pour assurer notre propre sécurité!

Enfin, beaucoup seront déçus par un Président qui, malgré le Prix Nobel de la Paix qu'on vient de lui décerner, accentue l’effort de guerre de son pays ! Peut-être le Président Obama n’avait pas d’autre choix que l’envoi de troupes supplémentaires, mais il avait une bien meilleure façon de présenter les choses, en annonçant que les 30000 soldats seraient en fait prélevés sur les troupes stationnées en Irak qu’il s’était engagé à retirer.

Hélas ses conseillers n’ont sans doute pas pensé à cela !

Décembre 2009

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