Certes on ne peut lui reprocher de vouloir aider les personnes les plus démunies qui sont dans l’obligation d’utiliser leur voiture pour travailler, en zones rurales en particulier, même s’il crée ainsi une nouvelle redistribution qui s’ajoute à toutes les autres déjà très nombreuses dans notre pays. Mais la décision de remettre un chèque de 100 euros aux personnes qui travaillent et gagnent moins de 2000 euros par mois, salaire médian en France, est une mesure ponctuelle qui ne règlera que très partiellement le problème.
Cette mesure est injuste car elle s’applique bêtement sans considération véritable des besoins de chacun. Le développement du télétravail pour ceux dont l’activité le permet, a réduit considérablement les déplacements. Les travailleurs en zone urbaine ont des transports en commun que n’ont pas les ruraux. Certaines professions amènent les gens à utiliser davantage leur véhicule. Ceux qui n'ont pas de voiture vont aussi toucher la prime etc…
On aurait pu imaginer un système basé sur des justificatifs de consommation d’essence, car cette crise risque de se prolonger, mais non : l’heure est à l’urgence, il faut éteindre l’incendie qui se prépare !
Cette décision concernerait 38 millions de Français (le chiffre parait très élevé si c'est le salaire médian qui est pris pour référence !) va donc coûter près de 4 Milliards d’euros, financés, nous dit-on, pour un quart par l’augmentation des ressources de la TVA générées un produit dont la valeur augmente, (ce qui est la moindre des justices !) et le reste par des économies non révélées. On comprend bien sûr que les contribuables vont de toute façon payer pour les automobilistes, à moins que ce soit une fois de plus la dette qui finance la consommation !
Cette décision est de plus irrationnelle pour deux raisons. D’abord parce que l’on ne joue pas les règles d’équilibre du marché. Les prix augmentent, donc la consommation doit normalement se réduire et amener les prix à baisser. En soutenant ainsi la consommation, il est clair que l’on encourage les producteurs à maintenir ou même augmenter encore leurs prix. Il faudrait au contraire inciter les gens à réduire leur consommation par divers moyens : covoiturage, télétravail, changement de véhicule etc…
Cette incitation, et c’est notre deuxième raison, serait de plus compatible avec nos objectifs de réduction de consommation d’énergies carbonées dans le but de sauver notre planète, objectifs dont on parle beaucoup mais en en tenant généralement peu compte. Au fait, qu’en pensent nos écolos qui sont eux aussi en campagne électorale ?