mercredi 6 octobre 2010

Le procès Jérome Kerviel

Ce qui frappe le plus dans le verdict de ce procès, outre la faramineuse (et ridicule) sanction prononcée, c’est le fait que la Société Générale en sorte totalement indemne. Comment peut-on accepter qu’aucune responsabilité ne soit retenue contre elle. Messieurs les juges, quelles que soient vos raisons et vos attendus, est-ce que vous pensez parfois à la crédibilité de la Justice quand vous prenez vos décisions ?

C’est un précédent qui peut avoir de très importantes conséquences dans l’avenir. En effet il donne l’exemple d’une exonération totale de responsabilité d’une entreprise quand elle laisse commettre des fautes par des employés qu’elle est incapable de contrôler. On accrédite ainsi l’idée que les plus hauts dirigeants d’une grande société ne sont plus responsables de ce qui se passe dans leur maison ! Il parait, c’est parait-il leur sanction, que ces dirigeants ont tous quitté la société, mais avec quel paquet d’argent ? Pourquoi ne sont-ils même pas convoqués lors du procès ? Nous avons là une preuve de plus que les grandes institutions financières, fondement de notre société capitaliste, sont intouchables !

Ce jugement va d’autre part faire réfléchir bon nombre de cadres d’entreprises sur la possibilité, maintenant avérée, que leur Société puisse se retourner contre eux, s’ils prennent un jour de mauvaises décisions qui lui font perdre de l’argent!

Mais il est vrai que dans le cas présent, la faute jugée n’a nui qu’à la Société Générale et à aucun de ses clients. Le verdict eut sans doute été très différent si cela avait été le cas, et un procès venant de ceux-ci aurait certainement permis d’établir les vrais responsabilités. C’est un premier argument qui pourrait être utilisé en appel. Messieurs les avocats il faut y penser, pourquoi ne pas encourager une procédure venant des actionnaires ou des clients lésés par cette affaire, et qui aurait le mérite de déboucher sur un vrai procès en appel ?

Jérome Kerviel prétend, à juste titre, qu’il voulait faire gagner de l’argent à sa Société et sans vouloir s’enrichir personnellement de manière frauduleuse. Dans un contexte économique plus favorable, on peut imaginer que ses énormes spéculations auraient pu être couronnées de succès. La Société Générale lui aurait-elle alors fait le même procès pour avoir soi-disant dérogé aux règles? Certainement pas, tout le monde peut en convenir! C’est un deuxième argument qui montrerait que l’on peut contrevenir aux règles en commettant des fautes à condition qu’elles n’aient pas de conséquences négatives.

On peut se demander comment le troisième argument suivant a été traité juridiquement. C’est la Société Générale qui a décidé seule, quelles qu’en soient ses raisons, de perdre beaucoup d’argent en revendant à perte les positions critiques prises par Kerviel, quand elle finit par enfin les découvrir ! C’est donc elle qui crée la perte considérable. Ceci est un argument important pour des banquiers qui ne cessent de nous répéter : « Tant qu’on n’a pas vendu, on n’a rien perdu ! »

Mais ce qui précède ne sont que des arguments de bon sens émis par un non spécialiste, qui ne défend pas Jérome Kerviel qui a commis de grosses fautes, mais qui attend le procès en appel. Laissons les avocats faire leur métier et espérons que la Justice sera pour une fois juste, et pas seulement juridique… ou même éventuellement …politique !!

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