mercredi 6 janvier 2010

Médiocrisation

Un nouveau débat est ouvert sur l’instauration de quotas pour permettre à 30% d’élèves dits boursiers d’intégrer les Grandes Ecoles. Sous couvert de réformes, revoilà la machine à détruire en route à nouveau. Comme nos responsables politiques n’ont pas le courage de réformer ce qui doit l’être dans l’enseignement, ils s’attaquent donc à des changements qui pensent-ils vont réunir un consensus où ils n’auront pas à affronter les syndicats, et qui vont leur permettre de mettre leur nom sur une nouvelle loi. On ne peut rien changer dans les Universités, alors attaquons nous aux Grandes Ecoles, cela fera moins de bruit !

Si les Universités Françaises sont très loin dans tous les classements internationaux, nos Grandes Ecoles par contre jouissent d’une excellente réputation, et ceci est évidemment intolérable pour certains. Au lieu de travailler à l’amélioration de nos Universités, ils ont une meilleure idée : baisser le niveau des Grandes Ecoles !

Ceci serait un crime contre notre pays.

Certains parlent même de fusion ou de regroupement autour de soi-disant pôles de recherche. On les voit venir avec leurs gros sabots! Dans l’état actuel des choses et pour certains aspects, selon un vieux dicton Américain, ce serait comme mélanger la glace à la vanille avec de la boue, cela n’améliore guère la boue, mais on sait ce que cela fait à la glace à la vanille !

Pourquoi cette différence entre les Grandes Ecoles et nos Universités ?

Elle ne vient pas de la qualité professionnelle des enseignants, mais les Universitaires sont malheureusement les victimes d’un système qu’il faut changer.

D’abord, le nombre d’élèves est différent. Les Grandes écoles sont de petites entités, plus faciles à gérer, c’est vrai. Mais qu’est-ce qui empêche l’Université, si nécessaire, de se décentraliser structurellement par discipline par exemple et de créer aussi de petites entités plus faciles à maitriser et à dynamiser ?

Les Grandes écoles ont aussi une grande autonomie de gestion. La loi Pécresse votée récemment, si toutefois elle entre dans les faits, va donner cette autonomie aux Universités et donner aux Présidents les moyens d’action nécessaires pour rendre leurs formations plus attractives et performantes, et leurs diplômes plus recherchés. Saluons cette réforme, courageuse pour une fois, mais dont le succès dépendra bien sûr des Présidents d’Université.

On reproche aux Grandes Ecoles la sélection qui attire vers elles les éléments les plus brillants. C’est vrai et cela le restera très longtemps tant que les Universités n’auront pas elles-mêmes créé les conditions pour attirer ceux-ci dans leurs meilleurs Etablissements. L’Université doit revoir son mode d’accueil des étudiants et doit, elle aussi, pratiquer la sélection. Elle doit certes accueillir tout le monde, mais elle peut orienter les étudiants suivant leurs capacités dans les établissements plus ou moins réputés. Après tout, les Grandes Ecoles ont aussi leur hiérarchie. Il est plus difficile d’entrer à HEC que dans une école de Commerce de province même ayant très bonne réputation.

La sélection est souvent considérée comme un tabou par certains, qui s’imaginent que l’on peut attirer les jeunes les plus brillants dans les Universités en leur réservant la même formation qu’à tous les autres ! La sélection est nécessaire et notre pays a besoin d’élites que notre système d’éducation doit secréter.

Mais le plus grand handicap de l’Université est, tout le monde le sait, la ringardise des syndicats d’enseignants qui s’opposent systématiquement et depuis toujours à toute réforme, de droite comme de gauche, creusant ainsi d’ailleurs, chaque jour un peu plus, le fossé avec les Grandes Ecoles. C’est ça le vrai problème de l’Université. Et aucun responsable politique n’a le courage d’imposer aux syndicats les transformations que tout le pays attend, ceci par crainte des manifestations dans la rue, d’enseignants à qui il est naturellement très facile de manipuler et d’entraîner leurs élèves. On ne compte plus les grèves des facs. Qui a entendu parler de grèves dans les Grandes Ecoles ?

Vouloir donner à tous les jeunes des chances de pouvoir entrer dans les meilleures écoles est une préoccupation très légitime, mais il est pour cela préférable d’aider ceux qui sont défavorisés, lors de leur formation secondaire ou supérieure afin de les préparer à passer les concours. Ceci aurait l’avantage de ne pas baisser le niveau de recrutement comme ce qui est proposé dans la réforme en débat.

Mais on peut aussi se demander s’il s’agit d’un problème réel car on constate souvent qu'un grand nombre des élèves des Ecoles d’Ingénieurs, par exemple, viennent de milieux modestes et de milieux d’enseignants.

Enfin, voila un nouveau débat très médiatisé, du type de ceux que le gouvernement à l’habitude de lancer et qui nous entraîne très loin des préoccupations sérieuses des français : crise économique, chômage, pouvoir d’achat, …

Janvier 2010

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